budget des cultes, qui en était la conséquence, avaient libéré le pays et permis de mieux doter les écoles. Le prêtre cessait d’être un fonctionnaire, la foi catholique ne prenait plus la force d’une loi, allait à l’église qui voulait, comme au théâtre, en payant ; et les églises s’étaient peu à peu vidées. Mais si elles se vidaient, c’était surtout qu’elles ne fabriquaient plus elles-mêmes les fidèles, les pauvres êtres abêtis dont elles avaient besoin pour peupler leurs nefs. Il avait fallu de longues et terribles années, avant de pouvoir ainsi arracher l’enfant à l’Église éducatrice, l’empoisonneuse séculaire, régnant par le mensonge et la terreur. Depuis le premier jour, elle savait bien qu’elle devait tuer la vérité, si elle ne voulait pas être tuée par elle ; et quel furieux combat, quelle résistance acharnée, afin de retarder l’inévitable défaite, le resplendissant éclat de la lumière, enfin libre ! On allait être réduit à la traiter comme une de ces louches marchandes de poisons dont on envoie un commissaire de police fermer la boutique. Elle, la dogmatique, l’autoritaire, procédant par coups de foudre, à l’exemple de son Dieu, elle osait invoquer la liberté, afin de continuer en paix son œuvre abominable de servage. Alors, des lois de protection sociale étaient devenues nécessaires, on avait dû la réduire légalement à l’impuissance, refuser à ses membres, moines ou prêtres, le droit d’enseigner. Et quels cris encore, quelles tentatives de déchaîner la guerre civile, les parents ameutés, les ordres religieux expulsés par la porte, rentrant par la fenêtre, avec cette obstination de gens qui comptent sur l’éternelle crédulité qu’ils croient avoir semée dans l’homme ! N’étaient-ils pas l’erreur, la superstition, la misérable lâcheté humaine, et n’avaient-ils pas dès lors l’éternité à eux ? Seulement, il leur fallait pour cela garder l’enfant, continuer à obscurcir demain, et peu à peu demain leur échappait avec l’enfant, le temps était venu où l’Église catholique
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