Page:Zola - Vérité.djvu/732

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de ce cauchemar, peut-être né de souffrances où elle voyait sa mère, depuis le départ du mari infidèle.

— C’est impossible, c’est fou ! répéta Marc, dans un cri où protestait toute sa raison. Si François avait voulu reprendre cette enfant, il ne l’aurait pas violentée, presque tuée.

Thérèse montrait, elle aussi, une certitude tranquille, absolue.

— François est incapable d’un tel acte. Il a pu me faire beaucoup de peine, je le connais et je le défendrai, s’il le faut… Tu t’es trompée, ma pauvre Rose.

Cependant, elle alla prendre et examiner le mouchoir, resté sur la table. Et elle ne put réprimer un tressaillement douloureux : elle reconnaissait ce mouchoir, elle-même en avait acheté une douzaine, avec l’initiale, l’F majuscule, chez les sœurs Landois, le magasin de la Grand-Rue. Elle ouvrit tout de suite un tiroir de la commode, dix mouchoirs pareils se trouvaient encore là, François avait bien pu en emporter deux dans sa fuite. Mais elle surmonta le malaise qui venait de la glacer, et elle se montra aussi ferme, aussi affirmative.

— En effet, le mouchoir pourrait être à lui… N’importe ce n’est pas lui, jamais je ne le croirai coupable.

Cette scène semblait avoir stupéfié Marsoullier. Resté à l’écart, ayant l’air de ne savoir comment quitter ces gens dans la peine, il ouvrait de grands yeux, depuis le singulier récit de l’enfant ; et l’incident du mouchoir reconnu achevait évidemment de l’ahurir. Puis, comme le médecin arrivait enfin, amené par l’adjointe, il en profita pour disparaître. Marc passa dans la salle à manger, pour attendre le résultat de l’examen du médecin. Rose avait bien le bras droit cassé ; mais la fracture n’offrait aucune complication inquiétante ; et, en dehors des poignets meurtris et de quelques contusions, elle ne portait