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Page:Zola - Vérité.djvu/741

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— Maintenant, je suis bien fichu, on va me flanquer à la porte, et je crèverai de faim sur le pavé.

Marc le rassura, en promettant formellement de lui trouver une situation. Puis, il se hâta de le quitter, tant il désirait annoncer à Thérèse le résultat de sa démarche, ce témoignage concluant, qui achevait de mettre François hors de cause. Depuis quinze jours, Thérèse était restée au chevet de Rose, toujours ferme dans sa conviction de l’innocence de son mari, mais le cœur serré de n’en avoir aucune nouvelle, malgré le retentissement de l’attentat, raconté par tous les journaux ; et, depuis que l’enfant allait bien, se levant déjà, avec son bras en bonne voie de guérison, elle semblait prise d’une tristesse croissante, muette, accablée à son foyer désert. Tout d’un coup, ce soir-là, comme Marc achevait de lui raconter gaiement sa conversation avec Marsoullier, elle eut une grande secousse, elle vit entrer François. Et ce fut une scène poignante, dans la simplicité des paroles qui furent échangées.

— Tu ne m’as pas cru coupable, Thérèse ?

— Non, François, je te le jure.

— Ce matin, j’ignorais tout encore, dans la solitude si triste où j’étais, et c’est un ancien journal qui m’est par hasard tombé sous les yeux… Alors, je suis accouru. Comment va Rose ?

— Elle va bien, elle est là, dans la chambre.

François n’avait point osé embrasser Thérèse. Celle-ci se tenait devant lui, toute droite, sévère dans son émotion profonde. Alors, Marc, qui s’était levé, saisit les deux mains de son petit-fils, devinant tout un drame à sa pâleur, à son visage ravagé de larmes.

— Allons, dis-moi tout, mon pauvre garçon.

Et François, très loyalement, conta sa folie, en quelques phrases tremblantes. Son brusque départ de Maillebois, aux bras de cette Colette qui le rendait fou. Leur retraite à Beaumont,