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Page:Zola - Vérité.djvu/83

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Alexandre, en se contentant de dire à son fils :

— C’est bien, rentrez, monsieur, nous allons régler cela tout à l’heure. Réfléchissez, et si vous ne m’avouez pas la vérité vraie, vous aurez affaire à moi.

Puis, se tournant vers Marc :

— Nous vous dirons ça, monsieur, et vous pouvez compter qu’il parlera, s’il ne veut pas recevoir une fessée dont il se souviendra longtemps.

Marc ne put insister, malgré l’ardent désir où il était d’avoir immédiatement la vérité entière, certaine, pour la porter, à Simon, comme une délivrance. Il ne doutait plus pourtant du fait décisif, de la preuve triomphante, que le hasard venait de mettre entre ses mains, et il courut tout de suite chez son ami lui rendre compte de son après-midi, ses échecs successifs chez les Bongard, les Doloir et les Savin, puis sa trouvaille inespérée, chez les dames Milhomme. Simon l’écouta tranquillement, sans témoigner la grosse joie à laquelle il s’attendait. Ah ! il y avait des modèles semblables chez les frères ? Ça ne l’étonnait pas. Quant à lui, pourquoi se serait-il tourmenté, puisqu’il était innocent ?

— Je te remercie bien de toute la peine que tu prends, mon bon ami, ajouta-t-il. Et je comprends toute l’importance du témoignage de cet enfant. Mais, vois-tu, je ne puis me faire à cette idée que mon sort dépend de ce qu’on dira ou de ce qu’on ne dira pas, du moment que je ne suis coupable de rien. Cela, pour moi, est éclatant comme le jour.

Égayé, Marc eut un bon rire. Il partageait maintenant cette absolue confiance. Et, après avoir causé un instant, il s’en allait, lorsqu’il rentra pour demander :

— Et le beau Mauraisin, a-t-il fini par venir te voir ?

— Non, pas encore.

— Alors, mon camarade, c’est qu’il a voulu connaître