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La grève les salaires et le contrat de travail

nulle autorité n’est assez puissante pour faire observer et respecter ces textes rigides qui ne sauraient se plier à toutes les exigences de la vie industrielle, commerciale, et agricole d’un peuple.

Qu’il s’agisse des statuts d’une corporation obligatoire, ou d’une législation ouvrière constituant un code du travail salarié, les objections sont aussi fortes, aussi pressantes, aussi nombreuses. Les contractants doivent être seuls juges des conditions qu’il leur paraît possible et utile d’offrir et d’accepter. Cet accord suppose une discussion et une lutte, il ne saurait être imposé à l’avance par un texte.

La seule règle qu’il faille poser c’est le respect de toutes les conventions. Elles doivent tenir lieu de loi à ceux qui les ont faites.

Cette opinion résume toute une doctrine économique et sociale, celle de la liberté des contrats qui suppose, sans la démontrer, la pleine liberté des contractants.

C’est la doctrine du Code civil inspiré par l’esprit individualiste de la Révolution. Un seul article de cet immense recueil de textes vise le contrat de travail : c’est l’article 1780 ainsi libellé : « On ne peut engager ses services qu’à temps ou pour une entreprise déterminée. » Cette prescription a pour objet de prévenir le retour de la servitude ou du servage. Sur le contrat de travail tel qu’il pouvait normalement être conçu et réglé à cette époque, pas un mot. Le législateur n’a formulé que la théorie générale des contrats. C’est