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DON GONZALO

J’ai gardé jusqu’à ce jour un trésor de plus de titres que l’or, et ce trésor est mon Inès.

L’ABBESSE

À ce propos…

DON GONZALO

Écoutez. On vient de me dire que l’on a vu sa duègne, il y a un instant, aller par la ville en parlant au valet d’un certain Don Juan, de tel renom, qu’il ne se trouve pas sur terre un autre homme d’autant d’audace et de scélératesse. Il y a quelque temps, il fut question de le marier à ma fille, et aujourd’hui comme j’ai été la lui refuser, il m’a juré de me l’enlever. Or, que la duègne ait été gagnée par cet infâme, c’est ce dont je ne puis douter à présent ; je dois donc prendre mes précautions contre lui. Un jour, une heure, peut-être, d’imprévoyance de ma part, suffirait pour qu’il flétrît mon honneur, ce fils de Satan. Vous voyez ici quelle est mon inquiétude : je viens, en définitive, pour la duègne. Vous, hâtez la profession de Doña Inès.

L’ABBESSE

Vous êtes père, et votre inquiétude est très juste, commandeur ; mais voyez que vous offensez mon honneur.