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LE SCULPTEUR (lui tendant les clefs)

Prenez ! — (À part.) Je ne veux pas laisser ma peau ici entre ses mains. Maintenant, que les Sévillans s’arrangent avec lui. (Il s’en va.)


SCÈNE III


Mon bon père a employé à ceci ma fortune toute entière ; il a bien fait : moi, un jour ou l’autre, je l’aurais placée sur une carte… (Un silence.) — Vous ne pourrez pas vous plaindre de moi, vous que j’ai tués : si je vous ai enlevé une bonne vie, je vous ai donné une bonne sépulture. Elle est magnifique, en vérité, l’idée d’un pareil panthéon ! Et… je sens qu’elle me gagne le cœur, cette solitude… La belle nuit !… Pauvre de moi ! Combien, et aussi pures que celle-ci, en ai-je perdues comme un insensé dans d’infâmes aventures ! Combien, où le même éclat de cette lune diaphane m’a vu arracher à quelque innocent l’existence ou l’honneur !… Oui ! après tant d’années dont les souvenirs m’épouvantent, je