Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/191

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Don Juan, des paroles par qui son angoisse — s’apaise devant ta sépulture.

Oh ! Doña Inès de ma vie ! si cette voix qui me met hors de sens est le dernier soupir de ton adieu éternel ; si, détachée de tes lèvres, cette voix parvient jusqu’au ciel, et s’il est un Dieu au delà de ces régions habitées par les astres, dis-lui qu’il jette un regard sur Don Juan, — pleurant devant ta sépulture.

(Il s’appuie contre le tombeau en cachant son visage ; et tandis qu’il demeure en cette posture, une vapeur émanée du sépulcre cache la statue de Doña Inès. Quand elle se dissipe, la statue a disparu ; et Don Juan sort de son extase.)

Ce marbre sépulcral endort mon énergie, et je crois sentir autour de moi la présence d’un être surnaturel… Mais… Ciel !… Le piédestal ne porte plus sa statue !… Qu’est ceci ?… Cette image fut-elle donc une création de mon angoisse ?


SCÈNE IV

DON JUAN, L’OMBRE DE DOÑA INÈS

(Les saules pleureurs et les fleurs qui ornent le côté gauche du sépulcre de Doña Inès se changent en une sorte de gloire, qui laisse voir au milieu d’elle et entourée de splendeurs l’ombre de Doña Inès.)

L’OMBRE

Non ! Mon esprit, Don Juan, — t’a attendu dans ma sépulture.