Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/48

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elle se fonde sur l’or ou la valeur. Que les querelleurs le recherchent, que les joueurs l’entourent, que les glorieux l’arrêtent : l’on verra s’il est quelqu’un qui le dépasse au jeu, au combat ou aux amours. — J’écrivis cela ; et pendant la demi-année que ma présence charma Naples, il n’y eut événement extraordinaire, ni scandale ou fourberie dont je ne prisse ma part. Partout où je fus, je foulai aux pieds la raison, je raillai la vertu, je trompai la justice et je trahis les femmes. Je descendis jusqu’à la chaumière, je montai jusqu’au palais, j’escaladai les cloîtres, et en tous lieux je laissai de moi un amer souvenir. Je ne reconnus pas d’asile, et il ne fut raison ni lieu que mon audace respectât : je ne m’amusai pas à distinguer le clerc du séculier. Je provoquai qui me plut, je me battis contre qui voulut, et jamais ne considérai que pût aussi me tuer celui que je tuai. Tels sont les hauts faits de Don Juan : ce papier porte écrit combien de succès il a obtenus ainsi, et ce qu’il y a consigné, il l’atteste.

DON LUIS

Lisez, alors.

DON JUAN

Non ! écoutons d’abord vos valeureux excès, et si vous produisez, en terminant, vos notes justificatives, nous comparerons les deux écrits.