Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/49

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DON LUIS

Vous dites bien ; cette manière de faire, Don Juan, est tout à fait raisonnable ; bien que, à ce qu’il me paraît, il doive y avoir peu de différence de l’une à l’autre relation.

DON JUAN

Commencez donc.

DON LUIS

C’est cela. — Cherchant donc, comme vous, de grandes entreprises pour ma valeur, je me dis : « Où irai-je, vive Dieu ! pour l’amour et les combats, où trouverai-je mieux qu’en Flandre ? Là, puisqu’on est en pleine guerre, j’aurai à souhaits, par centaines, de merveilleuses occasions de querelles et de galanteries. » Et j’allai droit en Flandre ; mais ce fut avec une fortune si noire que dans le mois de mon arrivée je perdis tout mon capital, double après double, un par un. Quand on me vit dans une aussi complète pénurie d’argent, tout le monde m’évita ; mais je me cherchai de la compagnie, et me joignis à quelques bandits. Ma foi, nous fîmes de beaux coups ! Nous allâmes, si loin, avec une chance colossale, qu’à Gand, nous mîmes à sac le palais épiscopal. Quelle nuit ! En l’honneur de la Pâque, le brave évêque était descendu présider au chœur, et j’ai encore des frissons de joie au souvenir de son trésor.