Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DOÑA ANA

Et qu’y a-t-il en lui qui t’épouvante, quand tu es le maître de mon cœur ?

DON LUIS

Doña Ana, tu ne peux comprendre ce qu’est cet homme, sans connaître son nom et sa fortune.

DOÑA ANA

Sa bonne fortune sera vaine, avec moi ; tu vois bien que quelques heures seulement nous séparent du mariage, et que tu es assailli par de vaines terreurs.

DON LUIS

Dieu m’est témoin que rien ne me fait peur, pour ce qui est de moi, tant que je tiens une épée, et à condition que cet homme vienne face à face sur moi. Mais s’il est audacieux comme le lion, il est aussi rusé et prudent comme l’astucieux serpent…

DOÑA ANA

Bah ! dors en paix, Don Luis ; son audace et sa prudence n’obtiendront rien de moi, car c’est en toi que je garde enfermée la bonne renommée de ma vie.

DON LUIS

Eh bien, Ana, au nom de cet amour dont tu m’assures, et pour ne pas craindre cet homme, je vais te demander une faveur.