Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/145

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un point d’appui peut donner au monde entier un élan qui le porte de la négation à l’affirmation.

Mais en Verhaeren l’artiste n’est déjà plus prépondérant ; il s’intéresse trop à tous les problèmes de la vie pour n’envisager que d’un point de vue d’esthéticien la conception de la ville moderne. Ce que, pour lui, elle symbolise avant toute chose, c’est l’expression du sentiment contemporain. Dans sa trilogie, il ne se restreint pas à résoudre poétiquement le problème d’une nouvelle classification sociale. Il y étudie une des plus brûlantes et toujours pendantes questions de l’économie et de la politique nationales, le combat de deux forces de sens contraires, de l’agriculture et de l’industrie. La ville et la campagne acquièrent réciproquement leur bien-être, l’une au dépens de la détresse de l’autre. La production et le commerce sont, dans la mesure où ils se conditionnent, hostiles l’un à l’autre au terme de leur processus. Comment, de nos jours, en Europe, la bataille entre la ville et la campagne a donné la victoire à la ville, comment peu à peu celle-ci absorbe les meilleures forces de la province, et comment se pose le problème des « déracinés », tout cela, Verhaeren a été le premier qui l’ait décrit poé-