Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/161

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est une des grandes audaces dont nous devons être reconnaissants à Verhaeren.

Mais tous ces hommes agglomérés en une seule foule, ces millions d’habitants constituent des villes qui ne demeurent pas isolées les unes des autres. Un lien les réunit : la facilité des communications. La distance matérielle est abolie ; les séparations en nationalités tendent à disparaître. Maintenant qu’est résolu ce premier problème, des agglomérats isolés se transformant lentement en organismes, à côté des races particulières s’élabore une synthèse bien plus considérable, celle de la race européenne. Sur notre continent, les hommes ne sont plus si éloignés les uns des autres, si étrangers que jadis. D’un bout de l’Europe à l’autre, le socialisme enserre les masses du réseau de son organisation. À Paris, à Londres, à Saint-Pétersbourg, à Vienne, à Rome, un même désir embrase aujourd’hui tous les cœurs, un même but se propose à leurs efforts : l’argent.

Races des vieux pays, forces désaccordées,
Vous nouez vos destins épars, depuis le temps
Que l’or met sous vos fronts le même espoir battant.[1]

  1. « La Conquête » (la Multiple Splendeur).