Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/245

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phénoménales il approche de l’essence même des forces, il lui faut saisir, derrière la variabilité des choses, leur qualité constante. Toute analyse vraiment sérieuse aboutit toujours à la découverte d’un élément primordial. De tout point de la surface de la terre, une ligne droite perpendiculaire à la tangente aboutit à son centre : il en est ainsi de la voie logique, qui, de toutes choses, même des manifestations éphémères, conduit directement au centre de la force. Aucune connaissance des phénomènes actuels ne saurait être féconde si elle ne s’appuie sur la connaissance des lois éternelles, et si elle n’interprète les manifestations changeantes comme les transformations de phénomènes primordiaux invariables. Dans l’incroyable développement organique de notre poète, ce passage de l’âge viril à un âge plus avancé, de l’observation simple à la connaissance profonde, correspond à un nouveau moment artistique. Un passage, c’est-à-dire autre chose qu’une transformation, et qui tient à la fois de l’évolution et de la régression, ainsi qu’il apparaît dans la forme même du poème, lequel tend à se figer, au lieu de se transformer. Le gain acquis par l’homme viril est définitif ; c’est le sentiment conscient de ces