Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/271

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De s’infiltrer, par mes poumons et par mes pores,
Jusques au sang dont vit mon corps,
Avec sa force rude ou sa douceur profonde,
Immensément, il a étreint le monde.[1]

L’arbre devient le symbole du renouvellement éternel de la force, de la lutte contre les rigueurs de l’hiver et du destin, de l’effort vers les beautés nouvelles du printemps. La montagne n’est plus pour lui une modification arbitraire des lignes d’un paysage, c’est une puissance qui enferme dans ses profondeurs les minerais et les sources, et dont les hauteurs offrent aux regards les vastes horizons des perspectives lointaines, La forêt, c’est le labyrinthe aux sentiers innombrables, c’est le chœur des voix multiples de la vie. Tout, dans la nature, nous rajeunit et développe notre vitalité.

Une transformation absolue des valeurs se produit, dans l’inspiration du poète, depuis qu’il voit le monde dans toute sa connexité. Le voyage, qui n’était pour lui qu’une fuite devant les réalités, devient la recherche des nouveautés lointaines, des possibilités inconnues. Le rêve n’est plus l’illusion, mais le passage de la réalité présente à la réalité future. L’Europe n’est

  1. « À la gloire du vent » (la Multiple Splendeur).