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de Verhaeren succède une affirmation triomphante. Lui, qui disait jadis, au début de son œuvre :

Toute science enferme au fond d’elle le doute,
Comme une mère enceinte étreint un enfant mort.[1]

il est aujourd’hui parmi les plus enthousiastes et les plus optimistes.

Là où quelques rares esprits se débattent encore,

Oh ! ces luttes là-haut entre ces dieux humains ! [2]

là où le savoir hésite sans trouver sa voie, les poètes doivent, avec un enthousiasme confiant, indiquer le chemin. À la certitude de la loi ils ajouteront les pressentiments du rêve ; tandis que d’autres provoqueront l’enthousiasme par leurs connaissances, eux provoqueront la connaissance par la force de leur conviction. S’ils viennent à manquer de preuves, la foi leur donnera l’assurance nécessaire. « Nous croyons déjà ce que d’autres sauront[3]. » Ils devinent l’inconnu, ils découvrent la vérité avant qu’elle

  1. « Méditation » (les Moines).
  2. « Les Penseurs » (la Multiple Splendeur).
  3. « La Science » (les Forces tumultueuses).