Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/282

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se manifeste, ils formulent l’hypothèse avant qu’aucun argument ne l’appuie.

Pendant que se disputent et s’embrouillent encor,
À coups de textes morts
Et de dogmes, les sages.[1]

ils entrevoient déjà les idées nouvelles. Ils ont déjà des croyances qui s’imposeront dans la suite aux générations futures, et goûtent par avance des joies que seule la postérité connaîtra pleinement. Jamais le doute ne les effleure : ils prédisent avec certitude la conquête des airs, la disparition des maladies, une vie plus aisée et plus joyeuse ; ils n’imposent aucune limite au progrès, et leur inspiration triomphe de tous les obstacles. « Le cri de Faust n’est plus le nôtre ! [2] » Le problème du « oui » ou du « non » est depuis longtemps résolu par une affirmation énergique, s’écrie avec joie le poète : nous n’hésitons plus entre la possibilité et l’impossibilité de la connaissance ; et cette conviction confiante est la connaissance suprême de la vie. C’est à cet optimisme des poètes que devront s’abandonner les autres novateurs, c’est dans ce rêve idéal qu’ils puiseront les énergies nécessaires.

  1. « L’Action » (les Visages de la Vie).
  2. « La Science » (les Forces tumultueuses).