Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/283

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Ainsi tous les hommes s’uniront pour assiéger les ténèbres, pour parvenir jusqu’à la divinité, afin

D’emprisonner quand même, un jour, l’éternité,
Dans le gel blanc d’une immobile vérité.[1]

Dans cette recherche de la vérité dernière, le Dieu-Homme qui doit se révéler à eux, les poètes et les savants sont les nouveaux saints d’une religion nouvelle, eux et tous ceux dont le front brûle de la fièvre du travail, dont les mains s’échauffent au feu des expériences, dont les nerfs se tendent à éclater, dont l’œil s’atrophie par la lecture des livres. C’est à eux que Verhaeren adresse cet hymne :

Qu’ils soient sacrés par les foules, ces hommes
Qui scrutèrent les faits pour en tirer les lois.[2]

L’admiration de Verhaeren pour les ouvriers de l’œuvre nouvelle, pour les « saccageurs d’infini[3] » va plus loin. Ce n’est pas seulement le poète ou le penseur, qui élargit l’horizon de la

  1. « Les Penseurs » (la Multiple Splendeur).
  2. « La Science » (les Forces tumultueuses).
  3. « Et quel fervent éclair ils lançaient de leurs mains
    Quand leur vaste raison, héroïque et profonde,
    Saccageait l’infini et recréait le monde ! »
     « Les Penseurs » (la Multiple Splendeur).