Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/298

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sant, en proclamant le premier les grands impressionnistes, tous les novateurs de l’art et de la poésie. N’écarter aucune nouveauté, n’être étranger à aucune manifestation, c’est pour lui comprendre le monde, en dégager la véritable vie. L’échelle des valeurs aboutit là-haut à cet idéal absolu de l’admiration universelle, admiration pour le futur en même temps que pour le présent, pour l’intime correspondance de chaque être avec son époque, avec son milieu.

Cette admiration infinie anéantit l’égoïsme, obstacle éternel aux relations vraiment humaines ; elle nous met en communion fraternelle avec le monde extérieur, elle rend également possible une certaine égalité dans les rapports entre hommes. La Multiple Splendeur, cet ouvrage où le poète a dégagé la formule définitive de ses conceptions éthiques, devait primitivement s’intituler : Admirez-vous les uns les autres. L’idéal le plus élevé y était ce don de soi-même qui se répand et s’offre au monde, à l’humanité entière. L’énergie, la force, et par suite la conquête, l’oppression, n’y affirment pas, comme dans les œuvres précédentes, le sens profond de la vie : il chante la bonté, l’effusion qui se livre et nous unit à tout. Seule, l’admiration