aussi l’évocation des luttes, des aspirations, des efforts d’une époque, la souffrance et l’ivresse d’un monde nouveau qui se prépare. C’est parce que son œuvre embrasse, exprime toutes les réalités présentes, qu’il a si bien compris son devoir en face de l’avenir, un véritable poète devant, selon lui, traduire l’évolution intellectuelle de son temps. Car nos descendants qui étudieront notre art dans les monuments, nos peintres dans les tableaux, nos philosophes dans l’organisation de la société, ne manqueront pas de chercher dans les poèmes et les livres des écrivains une réponse à cette question : « Quelles furent vos espérances, vos impressions, vos conceptions du monde ; qu’avez-vous pensé des villes, des hommes, des dieux, de l’univers ? » Serons-nous — voilà ce que doit se demander un artiste — en mesure de leur répondre ?
C’est dans cette conscience de sa responsabilité que réside la grandeur de l’œuvre de Verhaeren. Peu de poètes aujourd’hui se soucient de la réalité. Les uns nous invitent au plaisir, d’autres amusent et divertissent au théâtre un public désœuvré, d’autres décrivent leurs propres souffrances, réclament notre pitié, font appel à