Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/60

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intime entre la croissance intérieure et sa formation externe, entre les crises de la réalité physique et sa manifestation artistique. Un génie se développe et s’accomplit en raison directe de l’existence et de la vie physiologique. Dans les livres de Verhaeren, si heurtés et si brusques qu’en paraissent les contrastes, son évolution générale décrit une courbe constante, jusqu’à figurer un cercle parfait, radieux de clarté. Le commencement était déjà contenu dans la fin, et la fin dans le commencement. La courbe audacieuse retourne à son point de départ. De même qu’un voyageur qui fait le tour complet du monde, il revient enfin à l’endroit dont il est parti. Chez Verhaeren, commencement et fin procèdent des mêmes causes. Au pays qui fut celui de ses jeunes années, sa vieillesse retourne : c’est à la Flandre qu’il consacre ses premiers vers, c’est la Flandre encore que chantent les derniers.

Pourtant entre ces deux œuvres, les Flamandes et Toute la Flandre, entre les vers de l’homme de vingt-cinq ans et l’œuvre du poète cinquantenaire, il y a la place de tout un monde : une évolution complète y a modifié ses points de vue et augmenté ses conquêtes. Et ce n’est