Page:Zweig - Émile Verhaeren, sa vie, son œuvre.djvu/61

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que maintenant, à l’heure où la ligne, au début si brusquement capricieuse, revient sur elle-même, que sa forme harmonieuse s’aperçoit. L’observation, purement extérieure, est devenue singulièrement pénétrante ; le regard ne s’arrête plus aux manifestations, aux dehors des choses ; il sait extraire la quintessence de leur âme, en saisit la vérité profonde, pour les transposer en poèmes. Rien n’est quelconque à ses yeux, objet de simple curiosité ou d’intérêt fugace. Il considère toute chose comme un être qui grandit, capable d’un devenir infini.

Le premier de ses livres et les derniers procèdent des mêmes causes. Seulement, le premier est le fruit d’une observation isolée, tandis que les magnifiques productions de l’époque récente ont pour décor de fond les horizons immenses du monde moderne, pendant que, d’un côté, les ombres du passé, et, de l’autre, l’ardente intuition de l’avenir y font briller la passion d’une clarté nouvelle. Peintre jadis, ne peignant que l’aspect extérieur, s’attachant à décrire la patine, Verhaeren est maintenant le poète qui donne la vie à l’insaisissable et au psychique, qu’il transforme en vibrante musique. Ces deux œuvres sont entre elles dans le même