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98 SULLY PRUDHOMME

déjà signalé le goût de son ami pour certains paysages. « L'ordre de sensations auquel chaque poète emprunte le plus volontiers ses images est aussi caractéristique de sa nature d'âme que ses épithètes favorites. Ce que Sully Prudhomme choisit dans la nature pour indiquer les états de son âme, ou ce qu'il personnifie pour y incarner ses sentiments, ce sont les étoiles, les nuages, les ruisseaux, les arbres, les oiseaux, les fleurs : ce qui tremble, ce qui fuit sous le regard ou se dérobe au contact, ce qui semble vivre d'une vie mystérieuse, à la fois libre et inquiète. » {Pen- seurs et poètes, page 277.) Dans la définition que je tente, j'aime à m'appuyer sur l'aveu du plus scrupuleux des savants. Nous venons d'apprendre, non seulement la qualité des lieux que l'imagi- nation du poète se plaît à évoquer, mais la nature même des formes qui s'offrent spontanément à ses méditations. Il convient d'ailleurs de préciser davantage et de montrer d'abord que, dans ce paysage intérieur, trois apparences essentielles ont une existence singulière : la fleur, l'azur et l'étoile.