Page:Zyromski - Sully Prudhomme, 1907.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE PAYSAGE INTÉRIEUR 97

l'imagination d'un Victor Hugo. C'est un paysage dépouillé, un peu nu et froid, plus propice aux méditations d'un penseur qu'aux rêveries des amants. Je m'explique pourquoi tant de poèmes de Sully Prudhomme valent surtout par l'ardeur de l'accent. J'entends encore cette parole qui tombait de ses lèvres en un jour lumineux d'hiver et répandait dans la petite chambre de Châtenay l'éclat essentiel de la Pensée pure : « La beauté de l'idée n'a pas besoin de la métaphore. »

Pourtant, une poésie sans image serait une poésie glacée. L'image n'est pas seulement une parure : elle peut devenir un symbole. Et les plus magnifiques symboles dominent l'œuvre des plus hauts penseurs. L'esprit de Platon, de Dante et de Vigny se pare des images les plus compré- hensives, où l'abondante vie des idées peut se mouvoir dans la souplesse et la plénitude. Dans l'œuvre de Sully, qui est surtout un penseur, on trouve des images qui ne traduisent pas seule- ment les beautés de l'univers ou la sensibilité du poète, mais qui apportent à sa pensée un brillant 'appui.

Dans une étude où l'affection n'altère pas la sincérité de la critique, Cïaston Paris av-t

RULI.Y PRUDHOMME! 7