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Page:Zyromski - Sully Prudhomme, 1907.djvu/172

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158 SULLY PRUDHOMME

sourit à Marc-Aurèle, Pascal le Mystique colla- bore avec Spinoza, le grand excommunié de la Synagogue et de l'Église, et Sully Prudhomme renouvelle le rêve exalté de notre Moyen âge, des Lancelot et des Parsifal. Nous sommes ici dans la région qui domine le champ des combats, et nous déplorons ces paroles de haine qui couvrent la voix pacificatrice des grands livres. Car la montée naturelle des esprits vers la vérité aboutit aux sommets que la Maison du Berger illumine, et qui retentissent des mêmes appels à la fra- ternité, des mêmes étonnements devant nos tumultes.

Cette doctrine de l'aspiration et de l'amour a dé- robé Sully Prudhomme au pessimisme. Carie pes- simisme est presque toujours la conclusion d'une conception désespérée de l'amour. Tous ceux qui ont pesé la vie et l'ont jugée lourde et mauvaise ont vu dans l'amour une duperie tragique ou un insaisissablefantôme. Pour Schopenhauer, l'amour est le mainteneur, subtil et féroce, de la souf- france universelle. L'œuvre de M me Ackermann semble hérissée par le plus hautain mépris de