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L' AMOUR ET LA DOCTRINE DE LAS1MRAT10N 159

l'amour. La tristesse de Musset, qui a tari son génie et l'a poussé aux pires ravages, exprime la banqueroute de la passion. Les livres de Guy de .Maupassant dégagent une insupportable odeur de sépulcre. Tous ces désespérés pensent que la vie est mauvaise, puisqu'elle est l'œuvre de la souffrance, de la duperie ou de la trahison.

Or Sully Prudhomme inclina à ces pensées d'amertume. On trouve çà et là. dans ses œuvres, des poèmes de désespoir. L'harmonie nuancée du vocabulaire ne doit pas nous laisser insensibles à la force poignante de la pensée. Même il arrive que ce mélancolique, qui se plaît d'ordinaire aux attendrissements de la pitié, avoue son effroi devant tant de scandales et s'oblige à l'anathème. On entend l'écho d'accents farouches, de ceux qu'on pousse aux ténèbres, dans la détresse de l'abandon.

Il crut longtemps que l'âme des hommes vit dans une solitude impénétrable. L'àme tend à s'unir aux âmes, mais elle est murée à jamais comme dans un tombeau :

Heureux les omis. 1rs cœurs de sang! Leurs battements peuvent s'entendre; Kt les lu-as! lis peuvent se tendre, Se posséder en s'enlaçant.