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I.A SENSIBILITÉ ROMANTIQUE 11

mieux définir l'égarement do l'imagination roman- tii|iit\ son allure de vertige, sa tendance au cau- chemar. Carie poète qui s'effare devant ces appa- ritions fantastiques sent passer sur son front la grande haleine insensée des prophètes.

.Musset donne à la même idée une forme drama- tique infiniment émouvante. Nous savons aujour- d'hui, par les confidences de ses amis et de ses proches, que Musset éprouvait souvent cette agi- tation cérébrale, bien connue des aliénistes, ce trouble nerveux qui enfièvre le cerveau et lui permet d'évoquer soudain des êtres absents et imaginaires. Musset songe dans la solitude de sa chambre : il pense à son mal et il souffre. Tout à coup un être se dresse devant lui, et parle. Tantôt e'esl Musset lui-même qui apparaît devant Musset et le poète voit son double :

En face de moi vint s'asseoir Un pauvre enfant vêtu de noir Qui me ressemblait comme un frère.

Tantôt, comme dans le Souvenir, c'est George Sand, non plus la George Sand d'autrefois, la George Sand de Venise, mais une femme froide et morne, le fantôme de George Sand. Tantôt eet être hallucinatoire a la forme de la muse