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Page:Zyromski - Sully Prudhomme, 1907.djvu/27

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LA SENSIBILITE ROMANTIQUE 13

Elle l'entraînait à se défier de la pensée, car penser, c'est se détacher de soi-même et subir une méthode. Le poète romantique pour protéger son égarement proclame la subordination de la pensée au senti- ment, de l'idée à l'image. Ainsi, la philosophie devient la traduction amplifiée de la sensibilité du poêle : conséquence fâcheuse, pour la poésie dont elle restreint arbitrairement la portée en la réduisant au lyrisme, et pour la sensibilité du poète qu'elle prive d'un guide assuré vers la région des sources où notre sensibilité se rafraîchit et se renou- velle.

Les Méditations du Lamartine commencent par l'ôtonnement et finissent dans le songe. Son âme harmonieuse et légère a ignoré de nobles angoisses, parce qu'elle résolvait les problèmes par des eiïusions.

Les poèmes de Musset sont des confidences passionnées. Il croit juger la nature et la vie en chantant sa détresse, mais sa philosophie a la portée d'un cri d'enfant devant la douleur.

Dans Victor Hugo, le besoin de savoir, qui semble avoir été plus ardent, fut trop souvent apaisé par la joie qu'il éprouve à contempler ses images. Un problème se pose devant sa pensée :