Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/172

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CHAPITRE XVII.

le jeune damien.


Que les cloches joyeuses s’ébranlent ; l’épouse approche ; la rougeur de ses joues a fait honte au matin, car sa lueur est pâle. Faites, grands saints, que ces nuages ne soient pas d’un mauvais présage.
Vieille Comédie.


Le jour des fiançailles[1] ou épousailles approchait ; et il paraît que ni la profession de l’abbesse, ni ses habitudes, n’étaient assez sévères pour l’empêcher de choisir le grand parloir du couvent pour cette sainte cérémonie, quoiqu’il fallût nécessairement introduire bien des hommes pour convives dans cet enclos virginal, et quoique la cérémonie fût elle-même le commencement d’un état auquel avaient renoncé les habitants du cloître. L’orgueil que donnait à l’abbesse la naissance d’Éveline et l’intérêt réel qu’elle prenait à l’élévation de sa nièce surmontèrent tous ces scrupules, et l’on voyait la vénérable mère au milieu d’un tracas peu habituel, tantôt donnant des ordres au jardinier pour que l’appartement fût orné de fleurs, tantôt à sa cellérière, au préchantre, et aux sœurs laïques de la cuisine, pour préparer un banquet magnifique, mêlant à ses ordres sur ce sujet mondain quelques exclamations sur leur vanité et leur indignité, et changeant de temps en temps les regards inquiets qu’elle jetait sur ces préparatifs en un regard solennel vers le ciel, en joignant les mains comme si elle eût gémi sur les pompes terrestres qu’elle surveillait avec tant d’embarras. Ensuite on voyait la bonne dame en consultation avec le père Aldrovand sur le cérémonial civil et religieux qui devait accompagner une solennité si importante pour sa famille.

Néanmoins les règles de la discipline, quoique adoucies pour un temps, n’étaient pas tout à fait oubliées. Il est vrai que la cour extérieure du couvent était ouverte aux hommes ; mais les plus jeunes sœurs et les novices de la maison étaient renfermées avec soin dans les appartements les plus retirés du bâtiment, sous la surveillance spéciale d’une religieuse vieille et maussade, ou, ainsi que la désignait la règle du couvent, d’une personne âgée, austère et vertueuse, qu’on nommait la maîtresse des novices, et

  1. Ce mot est dans le texte anglais.