Par nos champs et nos rives/05

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Imprimé au Devoir (p. 11-12).

L’ÉGLISE


Du plus loin que je vois mes heures de jeunesse
L’église m’apparaît, avec son fin clocher.
Je songe aux premiers jours où j’allais à la messe,
Et je revois la nef où j’écoutais prêcher.


J’entends les grelots clairs, les lourdes carrioles,
Qui passaient, à grand train, les soirs de la minuit.
Je vois les lampions, les feux, les banderoles,
Et la lampe du chœur qui brillait, dans la nuit !…



L’église, c’est le cœur des paroisses rustiques ;
C’est leur âme qui vibre, en sa cloche d’airain.
L’église est le témoin des âges héroïques
Qu’ont vécus nos aïeux, dans leur labeur serein !…


Sans elle, il n’est plus rien de ta grâce, ô campagne,
Sans elle il n’est plus rien de ta sublimité ;
Sans la croix, ta céleste et fidèle compagne,
Un grand deuil règnerait au fond de ta beauté !…

Ah ! puisses-tu garder ta ferveur ancienne,
Ô race de croyants, bon peuple de chez-nous !
Nulle gloire, ici-bas, n’égalera la tienne,
Car un peuple n’est grand et n’est beau qu’à genoux !…