Par nos champs et nos rives/25

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Imprimé au Devoir (p. 71-73).

NUIT D’AUTOMNE


Minuit ! Entendez-vous souffler
Le vent du nord sur les toitures ?
Partout, dans la vaste nature,
Hélas ! le voyez-vous errer ?…


Ô nuit ! Ô nuit épouvantable !
Qui peut en décrire l’horreur ?
Les hommes ont froid, et, de peur,
Le bœuf est saisi dans l’étable…



Enfants, mettons-nous à genoux,
Prions pour ceux qui sont au large !
Seigneur, ah ! conduisez leur barge !
Seigneur, ayez pitié de nous !…


Tous ceux qui luttent à cette heure,
Dans les flots et les goëmons,
Sont des êtres que nous aimons
Et qu’espère notre demeure…


Donnez-leur la foi du retour,
Seigneur ! Que l’espoir les transporte,
Et que demain, à notre porte,
Ils rentrent débordants d’amour !…


Qu’ils quittent ces vaisseaux rebelles
Pour le foyer, plein de douceur,
Où les ont attendus leurs sœurs,
Où les ont espérés leurs belles !…


Seigneur, maître du firmament.
Qui créas les ondes amères,
Prends pitié des larmes des mères,
Et des prières des amants !…



Ah ! prends pitié des fiancées,
Des pères, au front inquiet,
Des vieillards dont le chapelet
Réchauffe encor les mains glacées !…


Le feu chante joyeux et clair,
Dans le cœur rouge de nos poêles :
Venez les moissonneurs d’étoiles
Et les paysans de la mer !…