Par nos champs et nos rives/28

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Imprimé au Devoir (p. 79-80).

FIDÉLITÉ


Vivons près de ce fleuve ami.
Les morts qui sont couchés, pour le repos suprême,
Et que nous n’avons pas cessé d’aimer quand même,
Font qu’un lien éternel va de nos cœurs à lui !…


Admirons sa grâce et ses charmes,
Et sur les êtres chers qu’il nous ôte pleurons :
Plus il sera cruel et plus nous l’aimerons,
Car les amours humains se forgent dans les larmes !…



Portés sur l’aile du reflux,
Les souffles du passé rempliront notre porte,
Et dans ces bruits divers que la rafale apporte,
Nous pourrons distinguer la voix des disparus !…


Et vous, mères, dont le visage
S’est mouillé tant de fois, dans le deuil de l’absent,
Reconnaissant, soudain, son pas et son accent,
Croirez que votre fils revient d’un long voyage !…