Par nos champs et nos rives/57

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Imprimé au Devoir (p. 147-148).

DOUCE NUIT


Reviens, ô douce nuit, c’est l’heure,
C’est l’instant si tendre et si doux,
Où, par l’esprit, l’absent demeure
Plus près de nous, plus près de nous !


C’est l’heure de la souvenance,
L’heure où celui qu’on ne voit pas,
S’approche de nous, en silence,
Et nous parle d’amour, tout bas !…



Bientôt le noroît des montagnes
Va jeter son hurlement sourd ;
Il fera nuit dans les campagnes,
Mais dans mon âme, il fera jour !…


Ô douceur des nuits solitaires,
Où, seul, pourtant, l’on se croit deux ;
Où l’on sent naître à ses paupières
Des larmes qui rendent heureux !…


Ô sublime et joyeux martyre,
Où l’on s’obstine à préférer
Aux souvenirs qui font sourire,
Les souvenirs qui font pleurer !…