Par nos champs et nos rives/63

La bibliothèque libre.
Imprimé au Devoir (p. 159-160).

LE VIEUX ET LA VIEILLE


Assis ensemble, au coin du feu,
Près des flammes qui s’éteignaient,
Face aux rayons pâles et bleus,
Le vieux et la vieille songeaient…

Elle, l’aïeule au front terni,
Vers terre était toute courbée ;
Et, sur son soulier verni,
Sa tabatière était tombée.


Lui, droit comme un chêne des bois,
Regardait la cendre embrasée,
Et son regard jetait, parfois,
Des flammes comme une attisée !…

Se rappelaient-ils leurs amours,
Et le beau temps de leur jeunesse,
Les petits vieux des anciens jours,
Au sourire plein de finesse ?…

À quoi donc songent les vieillards,
Durant leurs veilles coutumières,
Pour que l’on voie, en leurs regards,
Briller de semblables lumières ?…

De quoi rêvaient-ils ces beaux vieux,
Près des flammes qui s’éteignaient ?
Est-ce de la terre, ou des cieux ?…
Le vieux et la vieille songeaient…