Aller au contenu

Paula Monti/I/IX

La bibliothèque libre.
Paula Monti ou l’Hôtel Lambert
Paulin (Tome 1p. 83-96).
◄  Le retour
Première partie


CHAPITRE IX.

LE RÉCIT.


— Tu te souviens qu’il y a deux ans, avant mon mariage, je te laissai à Venise pour aller à Florence avec ma tante Vasari et Gianetta notre camériste ; tu venais d’être longtemps malade et tu ne pouvais nous accompagner.

— Je m’en souviens… Gianetta m’écrivit quelquefois par votre ordre, afin de me donner de vos nouvelles…

— Cette Gianetta était curieuse, indiscrète, sans fidélité ; je crains de l’avoir trop longtemps gardée à mon service.

— Pendant votre séjour à Florence elle m’écrivait à peine quelques lignes… pour me dire que vous vous portiez bien… cette tâche semblait lui coûter — ajouta Iris avec une assurance incroyable. Elle mentait… Gianetta l’avait au contraire tenue parfaitement au courant de ce qui s’était passé à Florence, pendant le voyage de sa marraine.

— Au bout de six mois d’absence — reprit la princesse — je revins à Venise.

— Alors vous eûtes cette longue maladie de langueur dont vous avez failli mourir.

— Et pendant laquelle tu m’as donné tant de preuves de dévouement et d’affection, Iris, que de ce moment-là je t’aimai comme une sœur, comme une fille…

Iris prit la main de sa marraine et la porta silencieusement à ses lèvres.

— Ma tante Vasari — reprit Paula — se rendait à Florence pour suivre un procès ; elle sortait toute la journée pour solliciter ses juges. Le soir, nous allions à la promenade ; là, je rencontrai plusieurs fois un Français… M. Charles de Brévannes. Bientôt il fut toujours sur mes pas ; ses poursuites devinrent incessantes, obstinées ; alors mon indifférence se changea en aversion.

— Était-il donc fait pour inspirer tant d’éloignement ?

— Que dis-tu ? — s’écria la princesse en regardant Iris avec surprise. Puis elle ajouta :

— Tu étais si jeune alors que tu n’auras pas remarqué… Oui, cela était naturel à ton âge… Tu te rappelles mon cousin Raphaël Monti… fils du frère de mon père ?

Iris contracta imperceptiblement ses sourcils et répondit d’une voix brève :

— Oui, à chaque retour de mer il venait passer son congé à Venise… N’est-il pas en Orient ? Avez-vous eu de ses nouvelles ? À notre départ d’Italie, sa mère commençait à s’inquiéter de son absence.

— Il est mort… — dit madame de Hansfeld avec un calme effrayant.

— Raphaël… mort !! — s’écria Iris en feignant l’étonnement.

— Charles de Brévannes l’a tué !!

— Et votre tante ignore ?…

— Écoute… l’heure est venue de tout te dire… J’avais été, tu le sais, élevée avec Raphaël ; enfant, je l’aimai comme un frère ; jeune fille, comme mon fiancé, ou plutôt ces deux sentiments se fondirent en un seul… Tu étais alors si étourdie que notre amour a dû t’échapper.

— En effet, marraine, maintenant je me souviens de quelques circonstances qui auraient dû m’éclairer. Mais est-ce possible…. Raphaël mort !… Et quand cela ? où cela ?

— Écoute encore : je devais l’épouser à mon retour de Florence… Tu comprends maintenant pourquoi M. de Brévannes m’inspirait tant d’aversion.

— Je comprends…

— Ses poursuites redoublèrent : instruit du sujet de notre séjour à Florence, à force de persévérance, d’adresse, il parvint à se lier avec les personnes qui pouvaient servir ma tante dans son procès, et à prendre tellement d’influence sur elles, qu’il fut bientôt en état de nous être du plus grand secours.

Les voies ainsi préparées, il se fit un jour audacieusement annoncer chez ma tante, sous le prétexte qu’il logeait dans notre hôtellerie. Notre accueil fut glacial ; mais cet homme se montra bientôt si insinuant, si flatteur, il prouva si clairement à ma tante de quelle utilité il pouvait lui être pour le gain de son procès, qu’elle le pria instamment de revenir. En s’en allant il me jeta un regard significatif… Il n’avait tant fait que pour se rapprocher de moi.

Je fis part à ma tante de mes soupçons ; elle me répondit que j’étais folle… qu’il fallait se servir de la bonne volonté de M. de Brévannes, puisqu’il pouvait nous être si utile… Tu le sais, ma tante avait été très belle, elle n’avait pas quarante ans. M. de Brévannes s’aperçut un jour qu’elle prenait au sérieux quelques galanteries qu’il lui adressait par plaisanterie. Il redoubla de soins, bientôt elle ne put se passer de lui. Il nous accompagnait partout, à la promenade, au théâtre. Je fis observer à ma tante qu’il était jeune, riche, que cette intimité pouvait me compromettre. Elle me dit alors avec autant de joie que d’orgueil que je m’alarmais à tort. Elle était veuve, libre ; M. de Brévannes lui avait déclaré son amour, et avoué qu’il ne s’était si vivement intéressé à notre procès qu’afin d’avoir accès auprès d’elle. Je voulus faire quelques observations à ma tante ; elle ne me laissa pas achever, se récria avec aigreur sur la vanité des jeunes filles, et me reprocha d’avoir pu croire que M. de Brévannes s’occupait de moi. Il nous voyait chaque jour, envoyait souvent des musiciens sous nos fenêtres, nous offrait des bouquets toujours pareils, disait-il à ma tante, pour ne pas blesser mon amour-propre.

Un jour, me trouvant seule, il me déclara son amour, se faisant un mérite à mes yeux de l’habileté avec laquelle il avait, disait-il, trompé, égaré l’opinion, en paraissant s’occuper de ma tante : sacrifice énorme, dont je lui devais savoir gré.

— Et votre tante ne fut pas instruite de l’aveu de Charles de Brévannes ?

— Le soir même elle sut tout.

— Le voilà démasqué.

— Enfant…, tu connais peu la faiblesse et la vanité des femmes !

— Elle ne vous crut pas ?

— Si, d’abord…, ce soir-là, notre porte fut refusée à M. de Brévannes. Il devina tout, écrivit une longue lettre à ma tante… le lendemain il fut reçu plus affectueusement encore que d’habitude. — En le quittant, ma tante vint me gronder sévèrement. — Jalouse, me dit-elle, de la passion de M. de Brévannes, je l’avais calomnié, afin de lui faire interdire l’entrée de la maison.

— Malheureuse femme… ; elle était folle…

— Les choses reprirent leur marche accoutumée… Charles de Brévannes ne me dit plus un mot d’amour, mais il passait des journées entières avec nous… Le 13 avril…, oh ! jamais je n’oublierai cette date, ma tante me dit, après déjeuner, que le bruit de la cour de l’hôtellerie l’incommodait, et qu’elle changerait le soir même de logement avec moi. Ma chambre donnait sur la rue, et avait un balcon. Ce qui me reste à te dire est affreux… Ce jour-là, nous avions fait une longue promenade en voiture avec M. de Brévannes. Au retour, la veillée s’était prolongée fort tard ; ma tante paraissait préoccupée. Il se retira. Je me couchai.

La princesse devint horriblement pâle, tressaillit, puis continua d’une voix émue…

— Le lendemain je voulus aller, comme d’habitude, souhaiter le bonjour à ma tante : Gianetta me dit d’un air embarrassé que madame Vasari était souffrante et qu’elle ne pouvait me recevoir.

Au moment où je rentrais chez moi, un inconnu me demanda. Cet homme, sombre, pâle… me remit une lettre… sans me dire un mot… Je ne sais pourquoi un frisson me saisit. J’ouvris cette lettre, elle renfermait un anneau que j’avais donné à Raphaël.

— Et cette lettre, marraine, cette lettre ?

— Elle était de Raphaël mourant.

— De Raphaël ?

— Oui. Elle contenait ces mots, que je crus voir tracés en caractères de sang :

« Je suis à Florence depuis deux jours. Je sais tout. Cette nuit j’ai vu Brévannes descendre de votre balcon… vous avez ensuite fermé la fenêtre. Je me suis battu avec lui… tout à l’heure… cela était convenu. J’ai cherché la mort : il me l’a donnée. Soyez maudite… Osorio vous dira… lorsque vous retournerez à Venise… Cachez à ma mère… Ma vue se… »

— Puis plus rien — s’écria madame de Hansfeld avec une expression déchirante… rien que quelques caractères sans forme.

— Quel mystère ! dit Iris en joignant les mains — qui avait donc paru à la fenêtre de votre chambre ?…

— Ne t’ai-je pas dit que ma tante avait pris le soir la même chambre que j’occupais encore le matin ? Sans doute Charles de Brévannes en avait obtenu un rendez-vous pour servir ses affreux desseins… tu vas voir comment… Elle est de ma taille, brune comme moi : de là cette fatale méprise de Raphaël.

— Oh ! c’est horrible…

— Après avoir lu cette lettre, j’étais comme folle, je croyais rêver… Osorio m’apprit le reste… Raphaël, à son retour d’un voyage à Constantinople, vint à Venise… Il ne passa qu’un jour dans cette ville… mais, trompé par je ne sais quelle abominable calomnie venue jusque-là de Florence, il partit subitement pour cette ville avec Osorio, auquel il dit : — « On m’assure que Paula me trompe indignement ; si cela est vrai, je tuerai mon rival ou il me tuera. »

— Mais qui avait ainsi pu vous calomnier à Venise ?

— Le sais-je ?… Raphaël n’y avait pas même vu sa mère ; tout le monde a ignoré sa courte apparition à Venise ; en vain j’ai interrogé Osorio à ce sujet, il est resté muet.

— Cela est étrange…

— Malheureusement il partageait les préventions de Raphaël… Ce que j’avais prévu était arrivé : les assiduités de M. de Brévannes, interprétées par ses infâmes calomnies, m’avaient affreusement compromise. Je passais à Florence pour être sa maîtresse ; et lorsque Raphaël s’informa de moi, il n’y eut qu’une voix pour m’accuser. Pourtant, ne voulant pas se fier aux apparences, il était allé trouver loyalement M. de Brévannes, lui avait dit son amour pour moi, que nous étions fiancés… que souvent les jeunes filles, sans être coupables, étaient légères, inconsidérées… le monde méchant ; il supplia M. de Brévannes, au nom de l’honneur, de ne pas cacher la vérité ; quelle qu’elle fût, il le croirait.

— Et Charles de Brévannes ?

— Loin d’être touché de ce langage, il traita Raphaël avec hauteur et lui dit :

« — Puisque vous épiez Paula Monti depuis deux jours, vous devez savoir où est sa chambre. — Je le sais ; sans qu’elle me vît, ce matin même je l’ai aperçue à son balcon. — Eh bien ! trouvez-vous cette nuit à trois heures du matin devant ce balcon, vous aurez ma réponse. » — Tu sais le reste… Brévannes dit alors insolemment à Raphaël : « Êtes-vous satisfait ? »

Dans sa rage, Raphaël le frappa au visage ; un duel s’ensuivit au point du jour, il succomba… Son dernier vœu fut de cacher sa mort à sa mère. Il préférait la laisser dans l’incertitude où l’on demeure souvent de longues années au sujet du sort des marins, que de lui faire savoir que ma trahison l’avait tué. Voilà ce que m’apprit Osorio. Cette funeste mission terminée, il repartit sans vouloir entendre un mot de mes protestations… J’ai entendu dire depuis qu’il était mort en Orient… et la mère de Raphaël attend toujours son fils… Et il est mort en me maudissant… mort en m’appelant et me croyant infâme et parjure… Mort… tué par Charles de Brévannes, calomniateur et meurtrier !

— Oh ! c’est affreux… Et votre tante Vasari ?…

Après un instant de silence pendant lequel la princesse paraissait être sous le poids d’un souvenir pénible, elle reprit ainsi :

— Les lois sur le duel étaient d’une sévérité extrême : Charles de Brévannes partit le jour même ; Raphaël était inconnu à Florence ; ni Osorio ni le témoin de M. de Brévannes ne reparurent… Personne ne put donc trahir ce malheureux secret. Ma tante fut d’autant plus inconsolable du brusque départ de Charles de Brévannes que, son appui lui manquant, elle perdit son procès et fut complètement ruinée. Nous revînmes à Venise, où je tombai malade.

— Et un an après vous étiez princesse de Hansfeld.

— Oui, pour sauver ma famille d’une horrible infortune, je me résignai à ce mariage, qui aurait dû me paraître inespéré… Grâce à la bonté, aux soins et à la délicatesse du prince, j’entrevoyais déjà des jours plus heureux ; à la reconnaissance allait peut-être succéder un sentiment plus doux… lorsque tout à coup M. de Hansfeld…, frappé de je ne sais quel vertige, oubliant sa bonté, sa douceur accoutumée… enfin, — reprit madame de Hansfeld avec un profond soupir, — commença la vie atroce que je mène… Quelquefois je me demande comment ma raison a pu supporter des chocs si violents sans s’ébranler. La crainte, la stupeur que me cause la conduite bizarre, effrayante du prince, me poursuivent jusque dans le monde où je vais parfois chercher, non des distractions, mais de l’étourdissement. Il y a six mois, je traînais cette vie misérable… en apparence si splendide, si heureuse, lorsque par hasard je rencontrai M. de Morville ; je le remarquai, parce que j’entendis vanter la fidélité qu’il avait vouée comme moi à un souvenir adoré… Partout on parlait de son dévouement, de sa délicatesse…, et surtout de sa tendre constance pour une femme dont il avait été forcé de se séparer… Attristé par son amour, pieusement dévoué à sa mère souffrante, il sortait peu… Il demeurait près de nous, rue Saint-Guillaume. Un jour, je trouvai une lettre sur le banc d’une partie réservée de notre jardin… Sans pouvoir comprendre par quel moyen cette lettre se trouvait là, mon premier mouvement, tu le sais, fut de croire qu’elle venait de lui.

Et je m’en assurai en restant, le lendemain, toute une journée cachée dans un massif, et le soir je vis tomber une autre lettre lancée d’une petite fenêtre cachée par un lierre.

M. de Morville semblait deviner les pensées qui m’agitaient : gaies, si j’étais gaie ; tristes, si j’étais triste ; sombres et désolées, si j’étais sombre et désolée ; ses lettres semblaient l’écho de mes impressions les plus fugitives.

— Comment les devinait-il ?

— En m’observant… il lisait sur mon visage la disposition de mon esprit.

— Il vous aimait bien… — dit Iris d’une voix profondément altérée.

— Tu le vois… Comme moi, M. de Morville regrettait un amour passé… et, chose étrange, fatale !… nos regrets communs ont servi pour ainsi dire de lien entre cet amour passé et notre amour nouveau.

— Vous pouvez aimer… Le prince vous a rendu votre liberté….

— Je le sais… je le sais… mais souvent aussi il est revenu sur ces dures paroles… Que de fois il a passé de la cruauté la plus froide… la plus dédaigneuse, la plus écrasante, à des paroles de tendresse adorable… Mais qu’importe maintenant… ses cruautés et ses tendresses me trouvent insensible… mon amour me donne le courage de les braver… mon amour !… et pourtant ma conscience me reproche d’oublier Raphaël !!! Depuis que j’ai revu M. de Brévannes, il me semble qu’en redoublant de haine contre ce… meurtrier… je cherche à expier mon inconstance ; il me semble enfin que si j’obtenais une vengeance éclatante de cet homme, mon nouvel amour me serait pardonné… Et encore… malheur à moi !… ce nouvel amour a-t-il besoin d’être pardonné ?… une barrière insurmontable me sépare à jamais de M. de Morville….

— Une barrière insurmontable ? — dit Iris.

— Oui… je ne sais quelle fatalité me poursuit… mon âme commençait à renaître ; l’avenir le plus doux, le plus enchanteur s’ouvrait à moi ; je me croyais sûre de l’amour de M. de Morville… J’étais parvenue à me lier avec madame de Lormoy, une de ses parentes ; il avait demandé à m’être présenté… lorsque tout à coup il paraît me vouer l’aversion la plus profonde, il évite de me rencontrer avec une persistance si blessante, que je me suis décidée à cette démarche d’aujourd’hui.

— Et le motif de sa haine, marraine ?

— Oh ! ce n’est pas de la haine… il m’aime, mon enfant ; il m’aime aussi passionnément que je l’aime… quoique je lui aie caché ce sentiment. Mais, je te le répète… un obstacle insurmontable… nous sépare à jamais… Te dire ce que j’ai souffert à cette révélation, la force qu’il m’a fallu pour me contraindre… ce serait impossible… Eh bien ! pourtant j’aurais accepté cette position presque avec bonheur, sans cet infernal Brévannes.

— Comment cela ?

— Consacrée tout entière à cet amour triste et pur, je n’aurais jamais revu M. de Morville ; mais au moins j’aurais su qu’il m’aimait… autant que je l’aimais… L’humanité est si fantasque, que les raisons qui s’opposaient à ce que cet amour fût heureux, en auraient peut-être assuré la durée ; mais si M. de Brévannes parle… malheur… malheur à moi !… Le mépris succède à l’adoration dans le cœur de M. de Morville… Cet homme si franc, si loyal, n’aura pas assez de dédain pour m’accabler… Méprisée par lui… ah ! je sais ce que j’ai souffert… lorsque je l’ai cru possesseur de ce fatal secret… Et songer que Brévannes peut me porter ce coup affreux en répandant de nouveau la calomnie infâme qui a causé la mort de Raphaël ; oh ! c’est à en devenir folle !…

— De tout cela, marraine, il résulte deux choses… Il faut connaître le mystère qui force Morville à vous fuir… il faut réduire Charles de Brévannes au silence….

— Oui, il le faudrait ; mais comment faire ? hélas !… oh ! je suis bien malheureuse !…

— Iris n’est rien pour vous ? — dit la jeune fille avec une farouche amertume.

La princesse en fut frappée et lui répondit avec bonté :

— Si, mon enfant ; je puis tout te dire, à toi… cela me soulage….

À ce moment un bruit grave, sonore, puissant, plein de suave harmonie, mais affaibli par la distance, arriva aux oreilles des deux femmes.

C’était le son d’un orgue dont on touchait avec un rare talent et une expression mélancolique. À ce son la princesse tressaillit et s’écria :

— Oh ! c’est lui… il veille encore… tiens, maintenant ma tête est si faible, que le bruit de cet orgue me semble effrayant, surnaturel… ce ne sont plus les sons de cet instrument que j’entends, mais les voix mystérieuses d’un monde invisible, répondant au prince qui les interroge… Oh ! grâce !… grâce !… cela m’épouvante !…

Par un hasard singulier, et comme si le vœu de la princesse eût été entendu, le chant de l’orgue expira lentement dans le silence de la nuit, en s’exhalant comme une plainte…

— Cet entretien m’a abattue, je frissonne, — dit Paula.

— Il faut vous coucher, marraine.

Après avoir présidé au coucher de madame de Hansfeld avec la plus grande sollicitude, et baisé respectueusement sa main, Iris ferma la porte de la chambre de sa marraine, plaça en travers un divan qui, découvert, formait un lit, et, après avoir verrouillé l’entrée de l’escalier secret, s’endormit profondément.