Pausanias, Béotie-1, chapitre II

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Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (5p. 16-23).

et un puits sacré. Les Béotiens disent qu'anciennement ceux qui avoient bu de l'eau de ce puits, prédisaient l'avenir.

En revenant sur le grand chemin, vous voyez aussi à droite un tombeau qui est, à ce qu'on prétend, celui de Mardonius. Il est constant que le corps de Mardonius disparut aussitôt après la bataille ; mais on n'est pas d'accord sur celui qui lui donna la sépulture. On sait seulement qu'Artontès, son fils, fit beaucoup de présents à Dionysophanes, Éphésien, et qu'il en fit aussi à d'autres Ioniens, parce qu'ils avaient pris soin de la sépulture de Mardonius.

Ce chemin conduit d'Eleuthères à Platées. En venant de Mégare vous remarquez une fontaine à droite, et en avançant un peu, une roche qu'on nomme la roche d'Actéon, sur laquelle, dit-on, il dormait, lorsqu'il était fatigué de la chasse ; on assure que ce fut dans la fontaine dont je viens de parler, qu'il vit Diane se baigner. Stésichore d'Himère rapporte que Diane le couvrit d'une peau de cerf, et le fit tuer par ses chiens pour empêcher qu'il n'épousât Sémélé ; mais je crois que ses chiens ont bien pu être attaqués de la rage, sans que la déesse s'en soit mêlée ; une fois dans cet état, ils le déchirèrent sans le connaître, comme ils auraient déchiré toute autre personne qu'ils auraient rencontrée. On ne connaît pas l'endroit du Cithéron, où se passa le malheureux événement dont Penthée, fils d'Echion, fut victime, ni celui où Oedipe fut exposé après sa naissance ; mai nous connaissons bien le chemin fourchu de la Phocide, où il tua son père. Le mont Cithéron est consacré à Jupiter Cithaeronius, ce que je dirai plus au long lorsque j'en serai là.

Les tombeaux de ceux qui furent tués en combattant contre les Mèdes, sont principalement vers cette entrée de Platées ; tous les autres Grecs ont un tombeau commun, mais il y en a un particulier pour les Lacédémoniens, et un pour les Athéniens ; les inscriptions en vers élégiaques qu'on y a gravées, sont de Simonide. A peu de distance on trouve un trophée en bronze, un autel et une statue de Jupiter Eleuthérius en marbre blanc.

On y célèbre encore tous les cinq ans des jeux nommés Eleuthéries, où le prix principal est celui de la course. Les athlètes courent armés devant l'autel. Le trophée que les Grecs érigèrent en mémoire de la bataille de Platées, est à environ quinze stades plus loin que la ville.

En partant de l'autel et de la statue qu'on a érigés à Jupiter Eleuthérius, vous voyez dans la ville même, le monument héroïque de Platée ; j'ai déjà rapporté ce qu'on en dit, et ce que j'en conjecture moi-même. Il y a à Platées un temple de Junon, très remarquable par sa grandeur et par les statues dont il est orné. On y voit en entrant Rhéa portant à Saturne une pierre emmaillotée au lieu de l'enfant dont elle était accouchée. On surnomme cette Junon Téleia ; on l'a représentée debout, sa statue est très grande, elle est, ainsi que celle de Rhéa de marbre Pentélique ; elles sont toutes deux l'ouvrage de Praxitèle. On trouve dans le même temple une autre Junon assise qui a été faite par Callimaque, on la nomme Nyshpheuomène (la fiancée); voici à quel sujet.