Pendant l’orage/L’héroïque Belgique

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Librairie ancienne Édouard Champion (p. 69-70).

L’HEROÏQUE BELGIQUE



22 décembre 1914.


Parmi les publications illustrées à la gloire de la Belgique, le grand album intitulé L’Héroïque Belgique est assurément le plus saisissant par son texte, dû aux meilleurs écrivains, par les nombreuses images dont il est semé. On y voit ce qu’était la Belgique avant la guerre. On y voit ce qu’ils ont fait de cette belle province européenne, que tant de personnes connaissaient, que toutes aimaient et admiraient dans son art, dans son histoire, dans la légende. La conduite des Allemands en Belgique les a déshonorés devant l’opinion du monde, elle a montré aussi la bêtise orgueilleuse et cruelle de ce peuple soudain déchaîné. C’est à pleurer d’abord, c’est aussi à n’y rien comprendre. Ils ont la prétention d’annexer la Belgique et ils commencent par la terroriser, par l’incendier, par la détruire, par massacrer les habitants, par les affamer, par les ruiner ! Au point de vue de la piraterie, c’est stupide. Le pirate qui a mis la main sur une riche cargaison, ne la jette pas au fond de la mer ; ce serait de la déraison. Mais on n’analyse pas un tel forfait et surtout on ne le compare à rien. J’aurais voulu, dans L’Héroïque Belgique, quelques récits de témoins nous montrant les tueurs fusillant les populations, comme à Dinant, par exemple, mais ces choses n’ont paru que peu à peu dans les journaux, et à cette heure on ne sait pas encore tout. L’intérêt de cet ouvrage est surtout de nous faire regarder du côté des Belges, du côté des héros, car la Belgique, devant les crocs du monstre, fut héroïque, c’est incontestable et, si elle a provisoirement tout perdu, elle a gagné du moins une épithète, que l’histoire ne lui contestera jamais.