Poème de la prison/Ballade XX

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Poésies complètes, Texte établi par Charles d’HéricaultErnest Flammarion (p. 34-35).

BALLADE XX.

Jeune, gente, plaisant et debonnaire,
Par un prier qui vault commandement
Chargié m’avez d’une balade faire ;
Si l’ay faicte de cueur joyeusement ;
Or la vueilliez recevoir doulcement.
Vous y verrés, s’il vous plaist à la lire.
Le mal que j’ay, combien que vrayement
J’aymasse mieulx de bouche le vous dire.
     Vostre doulceur ma sceu si bien atraire
Que tout vostre je suis entierement,
Tresdesirant de vous servir et plaire.
Mais je seuffre maint doloreux tourment,
Quant à mon gré je ne vous voy souvent,

Et me desplaist quant me fault vous escrire,
Car se faire ce povoit autrement,
J’aymasse mieulx de bouche le vous dire.
     C’est par Dangier, mon cruel adversaire,
Qui m’a tenu en ses mains longuement ;
En tous mes faiz je le trouve contraire,
Et plus se rit, quant plus me voit dolent.
Se vouloye raconter plainement
En cest escript mon ennuyeux martire,
Trop long seroit, pource certainement
J’aymasse mieuix de bouche le vous dire.