Poésie (Rilke, trad. Betz)/Livre d’images/Exorde
Apparence
EXORDE
Qui que tu sois : le soir venu,
sors de ta chambre où tu sais tout ;
de ta maison proche du large.
Qui que tu sois.
De tes yeux fatigués et qui ont peine
à s’affranchir du seuil usé,
tu dresses lentement un arbre noir,
le poses dans le ciel, tout seul et droit.
Et tu as fait le monde : un monde grand
ainsi qu’un mot mûrit dans le silence.
Et tandis que ta pensée le comprend,
tes yeux tendrement s’en détachent…