Poésies (Deubel)/06

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Le Beffroi (p. 27-28).


L’ÉTREINTE


Dans l’ombre nuptiale où se cherchent nos yeux,
Ma haine et mon amour lentement te terrassent,
Et mon souffle qui brûle et dévore ta face
Fait crépiter sa flamme au bord de tes cheveux.

Mon étreinte est sur toi comme un lierre tenace
Et mes jambes, le long de tes jarrets nerveux,
Sont comme deux chevreaux aux bonds capricieux,
Et ma bouche s’est jointe à ta bouche vorace.


Midi brûle aux touffeurs de tes aisselles blondes,
Et le rythme qui meut secrètement les mondes
Nous entraîne, animés de la même fureur,

Vers les gouffres béants où s’abîment les âmes
Avides de jeter leurs dernières lueurs,
Comme de grands soleils sans chaleur et sans flamme.