Poésies (Deubel)/07

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Le Beffroi (p. 31-32).


LE DERNIER DÉSIR


Ange blond du sommeil qui visites les saints
Et fais râler les forts sur ta gorge mordue,
Ô Femme ! qui connais les sûrs poisons qui tuent
Et le solaire orgueil d’incendier mes reins ;

Toi qui sus dévouer sur de moelleux coussins
Ta chair présomptueuse à ma chair morfondue,
Lorsque je descendrai dans la nuit inconnue
Je veux coller ma bouche expirante à tes seins.


Et dans un dernier souffle à ton corps qui s’étale,
Blême, je ravirai d’une lèvre brutale
Un feu qui chauffera mon fantôme glacé,

Quand sur les bords du Styx, solitaire et morose,
Je verrai ton image à jamais s’effacer,
Comme un qui voit mourir et s’effeuiller des roses.