Poésies (Deubel)/13

La bibliothèque libre.
Le Beffroi (p. 57-58).


LA MUSIQUE


Dans le halo doré des lampes familières,
Comme un mort surgirait d’un sépulcre connu
Pour me solliciter à la nuit du Mystère,
La Musique m’appelle en tordant ses bras nus.

Aux calmes profondeurs où nul n’est parvenu
Elle m’étreint parmi de soudaines lumières,
Et mon cœur croit sentir, sous des doigts inconnus,
Les souvenirs bannis soulever leurs paupières.


Ses accents tour à tour se gonflent et se voilent
Et mêlent, dans un rythme émouvant et rieur,
La clameur du soleil au sanglot des étoiles.

Mais plus me ravit celle où ta voix retentit
Berlioz ! comme l’appel d’un monde antérieur
Sous le porche désert de l’insondable nuit.