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Politesse canadienne/33

La bibliothèque libre.
Imprimerie l’Union (p. 108-113).
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DÎNERS


L’hospitalité canadienne est proverbiale ! On reçoit beaucoup de visites, et on aime à faire souvent les honneurs de sa table à ses amis.


Les convives ont reçu leur invitation à dîner depuis plus de huit jours ; ils ont répondu par un mot aimable de remerciement et d’acceptation. Ils se rendent chez leur amphitryon, quelques minutes seulement avant l’heure fixée pour le repas.

La maîtresse de maison passe à la salle à dîner au bras de l’invité d’honneur ; de même que le maître de la maison donne le bras à l’invitée la plus considérable.

La maîtresse de maison indique aux messieurs la place qu’ils doivent occuper à table, avec les dames qu’ils accompagnent.

S’il se trouvait un prêtre, parmi les convives, la place d’honneur lui appartient de droit. C’est à ses côtés que la maîtresse de maison pénètre dans la salle à dîner — sans s’appuyer à son bras — et il occupe à table, la première place à sa droite.

Un Monsieur a soin de veiller à ce que rien ne manque à la dame qu’il accompagne, et à ce que ses moindres désirs soient satisfaits pendant la durée du repas.


Étant à table, il s’agit maintenant de bien manger : c’est-à-dire, de se bien tenir et de se conformer aux exigences du savoir-vivre. On se tient droit, sans jamais appuyer ses bras ni ses coudes au dossier de sa chaise : ni même sur la table. La main seule peut être posée sur la table, jusqu’au poignet seulement.

La serviette doit être étendue sur les genoux.

Le potage se mange par le côté de la cuiller. On ne doit pas en prendre dans sa cuiller, plus qu’on ne peut avaler en une seule fois. Si le potage est chaud, il faut attendre patiemment qu’il refroidisse, mais bien se garder de souffler dessus. On ne penche pas non plus son assiette pour en recueillir les dernières gouttes. On ne redemande pas de potage, une seconde fois, c’est impoli.

On dépose sa cuiller dans son assiette, afin que les deux puissent être enlevées en même temps.

On ne mord pas dans un morceau de pain ; on ne le coupe pas non plus à l’avance avec son couteau ; mais on le rompt avec ses doigts, à mesure qu’on en a besoin.

On ne met jamais son couteau dans sa bouche. La cuiller et le couteau se tiennent de la main droite : la fourchette de la main gauche, pour porter la viande à la bouche.

On boit en portant sa tasse aux lèvres, et non les lèvres à la tasse. On ne boit jamais dans sa soucoupe. C’est grossier ! Il faut bien se garder aussi d’y transvider le thé ou le café, pour le faire refroidir. On laisse la cuiller à thé dans la soucoupe.

Si l’on fait circuler un plat, chargé de morceaux coupés, servez-vous promptement sans choisir. Si vous refusez d’un plat, remerciez simplement, sans entrer dans aucun détail, sur ce qui pourrait motiver votre refus.

Mangez proprement, évitant le moindre bruit, avec la bouche, en mâchant ou en avalant. N’oubliez pas qu’il faut mâcher la bouche fermée. On évite de se moucher ou de cracher, étant à table.

Évitez de renverser quoi que ce soit sur la nappe ou même sur vos habits ou ceux de vos voisins.

Si l’on sert un mets rare et recherché, il faut se garder de témoigner de son étonnement ou de sa satisfaction ; et encore, doit-on ne s’en servir que sobrement.

N’essuyez pas la sauce de votre assiette avec un morceau de pain.

Si vous alliez trouver quelque chose de répugnant dans votre assiette, n’en laissez rien soupçonner à vos voisins, mais faites enlever l’assiette aussitôt.

Prenez ce qu’on vous offre, avec beaucoup de délicatesse et de propreté ; évitez de passer pour gourmand en surchargeant votre assiette plus qu’il ne convient.

Ne mordez pas dans un fruit ; c’est grossier et malpropre ! Ne cassez pas les noyaux avec vos dents. Les fruits doivent être d’abord séparés par quartiers, que vous pelez séparément. Pour les fruits à noyau, on approche de sa bouche la petite cuiller à dessert, pour y déposer le noyau et le mettre discrètement sur l’assiette.

On accepte le partage d’un fruit, mais on se garde de l’offrir, à moins que les fruits ne soient très gros. Dans ce cas on offre la plus grosse partie, à laquelle on a eu soin de laisser la queue.

Les os ne se portent jamais à la bouche. Le poisson se mange avec la fourchette. Les tartes, les gâteaux riches, les poudings se mangent aussi à l’aide de la fourchette. Les crèmes, les glaces, les confitures, etc. se mangent avec la cuiller à dessert.

Demandez du bœuf et non du bouilli ; du poulet et non de la volaille.

On n’invite pas à prendre un verre : mais un verre de vin ou de liqueur.

Pendant toute la durée du repas, soyez attentifs aux besoins de vos voisins ; soyez prévenants, versant à boire, présentant les hors-d’œuvre, offrant du poivre, du sel, etc.

Il n’est plus d’usage de chanter à table ; mais on passe au salon, après le repas, pour y faire du chant et de la musique.

Trinquer à table, n’est plus guère d’usage, non plus, si ce n’est dans l’intimité ; mais on boit à la santé des hôtes d’honneur, à celle des amphitryons, celle des convives, et celle des dames, etc. Le maître de la maison propose le premier toast ; les santés vont par ordre de préséance.

On quitte la table quand le maître ou la maîtresse de maison en donne le signal.

La serviette est déposée sur la table, non pliée.

À moins de raisons graves, il ne serait pas convenable de quitter la demeure de ses amphitryons, avant qu’une heure se soit écoulée depuis la sortie de la table.