Princesses de science/3/3

La bibliothèque libre.
Calmann-Lévy éditeurs (p. 208-221).

III

— Eh bien ! ma chère, ça y est. Un garçon… énorme… huit livres… le papa en crève d’orgueil… Elle est solide, la petite Guéméné : elle a rondement mené la chose… Comme c’est le 24 juin, on l’appellera Jean.

Artout entrait familièrement dans le cabinet de madame Lancelevée, où il venait à son heure, à sa fantaisie, toujours bien reçu. En même temps fier et las de sa besogne qui le tenait, raconta-t-il, depuis quatre heures du matin, il choisit un fauteuil et s’y laissa tomber lourdement, le haut de forme sur son genou, rejetant en arrière sa forte tête bourbonienne. Près de lui, la mince forme noire de la doctoresse restée debout, prenait une sveltesse de jeune fille. Il y avait en elle comme une ironie juvénile et glorieuse tandis qu’elle regardait son maître.

— Le soleil ne vous gêne pas ? demanda-t-elle, je puis baisser les stores.

— Non, non, la lumière, c’est la santé. Et puis je me sens content, j’ai besoin de gaieté… et sacrebleu ! je ne sais comment vous faites, mais c’est gai dans cette grande pièce à maladies.

Le cabinet de consultation de madame Lancelevée dominait par trois fenêtres le boulevard de Montmorency. La table de gynécologie s’étendait au milieu. Une toile cirée peinte en clair, qu’un coup d’éponge rafraîchissait quotidiennement, tendait les murailles. Des fauteuils cannés meublaient les angles. Une bibliothèque occupait le fond. Le bureau, avec le téléphone, se dressait entre deux portes, l’une ouvrant sur l’escalier, l’autre donnant accès au salon d’attente. Une simple mousseline voilait les fenêtres. La lumière entrant à profusion éclairait ce cabinet à la manière d’une clinique antiseptique et confortable. Il n’était guère qu’une heure et demie ; la consultation ne commençait qu’à deux heures : ce délai avait tenté le bonhomme pressé de venir, après un déjeuner hâtif, lancer à la doctoresse, comme un défi, l’annonce de cette heureuse naissance.

— Vous souvenez-vous, ma chère, de m’avoir, dès le premier soir, si bien prédit leur divorce ? En attendant, voici toujours un enfant de fait… et rond, dodu, bien membré, je vous prie de le croire ! La petite Guéméné avait des yeux grands comme cela pour le regarder. On le lui a mis, tout nu, près des lèvres : elle lui a planté, en pleine poitrine, un de ces baisers comme son mari n’en a jamais reçu, je parie !… Et vous direz ce que vous voudrez, j’ai vu des femmes à toutes les phases de leur vie ; celle-là, je l’ai suivie depuis l’enfance ; je l’ai connue petite fille, adolescente, au début de sa vocation médicale, puis rêveuse, fiancée, amoureuse, jeune mariée… ma chère, il n’y a qu’une minute où la femme devienne vraiment, complètement, intégralement femme ; c’est celle où on lui met sous les yeux le petit qu’elle a fait. Ah ! ce que signifie alors son regard, et le rayonnement de ce visage, et l’intensité de ce premier baiser, tout ce qu’elles y mettent, tout ce qu’elles y font passer, et cette transformation subite qui les fait mères, d’un coup… moi à chaque accouchement d’une primipare, je guette cela, j’en jouis, que ce soit à l’hôpital, au lit d’une faubourienne étique, ou près d’une cérébrale comme cette petite Guéméné.

La doctoresse s’assit en riant devant Artout.

— Mais, cher maître, à qui le dites-vous ! C’est aussi ma fonction de présenter les petits tout nus à leur maman. Il y a là un joli tableau, je vous l’accorde, mais je l’ai déjà noté. Où voulez-vous en venir ?

— À vous dire vos vérités : rien ne me donne tant d’humeur que de voir une femme de votre sorte, bâtie comme vous l’êtes, taillée pour dix maternités, vigoureuse, belle, supérieure, une favorisée de l’espèce enfin, se refuser au mariage et au devoir de la famille à fonder.

— Mais, mon cher maître, vous m’accorderez bien le droit de posséder mes raisons !

— Elles ne valent rien… Êtes-vous heureuse, d’abord ?

Ce coup, porté tout droit, la surprit.

— Mais… mais oui, balbutia-elle, très heureuse !

— Non, ce n’est pas vrai.

Une inquiétude passa sur le froid visage de la doctoresse ; ses prunelles oscillèrent.

— Pourquoi dites-vous cela ?

— Parce que je connais les femmes. Vous en particulier, ma chère, avec votre nature, votre santé, votre équilibre, vous devez être pleine de besoins inassouvis… Dire qu’on ne voit ici pas un chat, pas une perruche à flatter, rien de ce qui trompe la sentimentalité des femmes seules, classiquement !…

— J’ai mon métier, je vous l’ai dit cent fois.

— Allons donc ! votre métier ! Quand vous m’opposez cet argument, je songe à ce prince affamé qu’on voit, dans une légende, attablé devant des mets d’or massif. Vous aussi vous avez faim, comme les autres, d’une tendresse substantielle, du bonheur dans l’amour. Et vous vous êtes offert, pour vous rassasier… des tomes de pathologie !… Je suis sûr qu’il y avait des trésors dans votre cœur !

— Il y a dans mon cœur ce que j’y ai mis, dit-elle fièrement.

— Moi, ma chère, je ne vais pas chercher midi à quatorze heures ; je vois les choses tout bêtement. Vous êtes, en dépit de votre puissant cerveau, une fille saine et normale. Je viens de pénétrer dans le ménage d’une femme de votre sorte qui a donné à son mari le plus beau garçon du monde, malgré son métier, malgré sa cérébralité. Hier, j’ai rencontré Bernard de Bunod toujours aussi épris de vous. Ma foi, c’est bien simple, je fais un rapprochement et je me dis qu’après tout, puisque ce jeune homme vous offre son nom, sa grosse fortune, son romantique amour, vous feriez peut-être, en même temps qu’une bonne action, une pas mauvaise affaire, en imitant l’exemple de Thérèse Herlinge… Ce Bunod est intelligent, d’esprit fin, et un peu de bonheur vous aurait vite campé un gaillard là où on ne voit aujourd’hui qu’un pâle neurasthénique… Franchement, est-ce qu’un tel amour ne finit point par vous émouvoir un peu ? Vous n’êtes cependant pas une statue de marbre !

Elle répondit lentement, scandant ses phrases :

— Une femme-médecin n’a pas de cœur, une femme-médecin n’a pas de sens, une femme-médecin n’est pas une femme. Les mères de famille le savent si bien que madame de Bunod m’a remis entre les mains ce grand garçon, avec la confiance religieuse des autres quand elles conduisent à de jeunes confesseurs leurs filles adolescentes. Entre la clientèle et nous est une convention tacite, vénérable, intangible : nous ne sommes plus que des médecins, il n’y a plus devant nous que des malades. Nous possédons un honneur plus délicat, plus subtil que les autres femmes. Sans avoir prononcé de vœux, nous devons passer dans la vie, rigides, impassibles, comme des nonnes sévères. Un noviciat brutal nous a fait violence, a tué en nous toute imagination féminine. La famille, par mille artifices tendres, nous avait formé une âme ignorante et enfantine, et, d’un coup, brutalement, avec la précision scientifique, on nous a montré la vie dans tout son réalisme. Il n’y a plus en nous ni mystère, ni rêve, ni poésie. On nous a comme desséchées ; et nous avons tout vu, tout entendu, tout connu. Nous ne sommes plus ni nerveuses, ni sensibles, ni pudiques, ni même impressionnables ; et notre force est faite de tout ce qui nous manque. Nous avons acquis le droit de pénétrer partout ; près d’un malade nous sommes toujours à notre place ; nous pouvons sonder toutes les misères, entendre toutes les confessions ; et, quand je soigne par hasard un garçon de cet âge, l’homme, c’est moi. Vous voudriez maintenant que, dans l’exercice de ma profession, j’aille m’éprendre du premier client qui devient amoureux de moi, comme une doctoresse de vaudeville ? Ce serait vraiment trop vite justifier la critique amère que les vieilles convenances profèrent contre nous. Non, non ! nous devons ignorer, au chevet d’un homme, que d’aventure nous pourrions l’émouvoir. Autrement, que deviendrait la confiance des mères qui nous appellent près de leurs fils, des femmes qui, devant nous, découvrent la poitrine de leurs maris pour l’auscultation ?

Elle se redressait, voulant paraître imperturbable et glacée. Elle n’en était que plus belle. Ses pommettes enflammées, ses yeux passionnés, les palpitations de son corsage, tout démentait cette théorie de l’être neutre qu’elle se disait. Artout répétait :

— Vous êtes étonnante, vous êtes étonnante. C’est curieux.

Puis au bout d’un instant, avec la simplicité des gens de science pour qui la vérité ne s’enveloppe jamais d’équivoques hypocrites :

— Voyons, vous, femme d’une absolue franchise, vous n’avez jamais souhaité l’amour ? Vous ne regrettez jamais rien ? Tous vos besoins affectifs sont morts ?

— Non, dit-elle lentement, ils ne sont pas morts.

Puis, les bras croisés, les yeux à terre, indiciblement forte :

— Ils se réveillent quelquefois.

— Et alors ?

— Je les rendors en travaillant.

Il l’écoutait surpris ; jamais elle ne lui avait livré autant d’elle-même au cours de cette sempiternelle discussion qu’ils avaient tant de fois recommencée. Sollicitée par cet appel à sa franchise qu’avait fait son vieux maître, elle se crut même obligée à s’expliquer davantage.

— Vous pensez bien, reprit-elle, que cette personnalité dont je fais montre est factice, et que les satisfactions dont je me contente sont très relatives. J’ai choisi cette vie de science, je la voulais parfaite ; j’en ai d’avance écarté les obstacles, et les plus dangereux de tous : le mariage et la famille. Mais quand je dis : « Une femme-médecin n’a pas de cœur, une femme-médecin n’a pas de sens », je parle seulement des apparences qui doivent assurer la dignité professionnelle, car derrière cette froide façade qu’il nous faut exhiber, il y a une vraie femme qui pâtit, qui aurait su aimer…

— Alors, dit Artout un peu ému, il y a eu des drames dans votre passé ?

— Non, mais des tristesses quelquefois. Parmi les hommes qui m’ont aimée, presque tous voulaient faire de moi leur femme. À cela je n’aurais jamais consenti. Les autres ne m’inspiraient ni l’attrait ni l’estime nécessaires pour que je pusse faire, honnêtement et noblement, le don de ma personne.

— Vous ne vous êtes jamais demandé quelle conduite vous auriez tenue si le dominateur, votre idéal, l’homme qu’on aime, enfin, s’était présenté ?…

— Si ! répondit-elle, avec sa loyauté presque téméraire. Et je sais que je l’aurais aimé.

— À la bonne heure ! voilà où la belle énigme que vous êtes, s’explique, se comprend. Ah ! ma petite, je vous aime mieux ainsi, capable de sacrifier, pour une tendresse, toutes vos fières théories…

— Pardon, mon cher maître, je ne me serais jamais amoindrie, abaissée jusqu’à devenir une inutile, une oisive, en quittant la carrière qui m’a faite moi, et je n’aurais pas non plus oublié mon principe de l’incompatibilité du mariage avec notre profession. Demeurant ce que je suis, la doctoresse Lancelevée, j’aurais aimé cet homme librement, sans chaîne, sans contrat.

— Oh ! oh ! dit le vieux chirurgien, comme vous y allez !…

— Je pousse mon principe jusqu’à ses dernières conséquences, tout simplement. Je vous scandalise ? Quel mal ferais-je pourtant en devenant, par amour, la maîtresse d’un honnête homme ? Je ne relève que de moi-même, je ne reconnais pas d’autres règles que celles de ma conscience ; je ne m’occupe pas des conventions. Est-ce au monde à créer une loi morale ? Ma logique et ma raison sont de taille à me guider : en qui aurais-je confiance plus qu’en moi-même ? Aux gens qui s’effaroucheraient je ne reconnais pas d’autorité pour me dicter ma conduite.

— Mais, mais, ma petite, interrompit Artout, si tous pensaient comme vous, savez-vous que nous aurions une étrange société ? chacun s’en rapportant à soi, celle-ci se permettant un amant, celle-là deux ou trois, selon la forme de sa conscience ; pas de principe universellement reconnu ; autant de morales que d’individus, celui-ci l’ayant étroite, celui-là très large ; tous infiniment respectables d’ailleurs, des êtres nobles, s’étant fait des règles de vie… Diable ! diable ! nos mœurs et notre civilisation inclineraient dangereusement vers celles de nos amis les bons toutous. Tenez, je suis peut-être un vieillard poncif, mais je me suis toujours défié du moi, de son exagération ; certes, j’ai raisonné, mais sans jamais faire fi du sens commun, des traditions, et toujours en corrigeant mes conceptions personnelles — il est si humain de se tromper ! — par les conceptions générales de ma race et de mon époque. Or il y a une organisation, le mariage, état conforme à l’hérédité, à notre tempérament, à l’ordre public. Je ne cesse de le prôner. Pourquoi je me permets d’en parler, moi, vieux garçon ? Oh ! c’est bien simple, je l’ai toujours désiré. Mais jusqu’à trente-cinq ans j’ai travaillé en forcené ; à cet âge-là, ma situation était faite, j’ai cherché ma compagne : on m’a offert mariage sur mariage. Mais je voulais toujours plus beau ! je rêvais du grand amour, j’attendais la femme unique, celle qui vous prend pour la vie. Vous comprenez : un brin de romantisme ayant persisté en moi, malgré toutes mes dissections, je repoussais le mariage d’argent, je repoussais le mariage de raison, j’attendais la compagne idéale, et j’ai vieilli ainsi sottement, l’attendant toujours, et ne l’ayant jamais trouvée, dévoré d’ailleurs par la clientèle. Et maintenant j’ai des regrets. Mieux vaut un amour médiocre qu’une vie solitaire ; je serais grand-père à présent, je connaîtrais bien des joies.

Le brave homme avait un petit tremblement dans la voix, ses puissantes épaules se soulevèrent. Il continua :

— Je me console en mettant au monde les petits des autres. Ça me fait comme une immense paternité.

Et, s’étant redressé, il étendait ses gros bras, ses mains célèbres, d’un geste si large qu’il semblait couvrir ainsi, majestueusement, une génération tout entière.

Celle qu’à l’École on appelait autrefois « Morphine » demeurait pensive, puis articula doucement, pour revenir à son propre cas :

— Quelle différence morale voyez-vous entre le mariage et la liaison ?

— La liaison est d’ordre privé, presque toujours secrète, comme infamante. Le mariage s’affirme publiquement, fièrement. C’est l’union reconnue de tous, ratifiée par la société.

— Cette ratification n’a aucune portée morale.

— La liaison est éphémère, le mariage durable.

— Et le divorce, qu’en faites-vous ?

— Le divorce, le divorce, mon Dieu, ce n’est qu’une exception.

— Mais, mon cher maître, tout le monde divorce aujourd’hui, plutôt deux fois qu’une ! Alors, quoi ! Quand une femme, dans une réunion, peut se rencontrer avec trois hommes et se dire qu’à tous les trois elle a appartenu, en légitime mariage d’ailleurs, et selon l’exigence de la société, je me demande quelle est la valeur morale de cette légalisation, et je ne trouve pas odieux du tout de m’en affranchir… Tenez, il faut être de bonne foi et l’avouer, il n’y avait qu’un mariage qui eût une signification : le mariage religieux, indissoluble, sacré, qui unissait les époux par un acte mystique, irrévocable, tandis que l’acte légal les enchaîne, tout simplement. J’ai été religieuse autrefois ; j’ai connu cette conception, j’ai admis l’inviolabilité des alliances humaines, scellées par Dieu, le mystère des chairs unifiées, le sacrilège du divorce. Maintenant que j’ai repoussé les dogmes, rejeté la loi divine, il me faudrait accepter son simulacre dans une morale humaine qui ne résiste pas au raisonnement ? Non, non ! la loi religieuse s’expliquait au moins par Dieu ; je ne crois plus qu’en moi, en ma conscience : en toute loyauté, je ne vois rien de répréhensible dans le fait d’être l’amante d’un homme élu. Et je vous certifie que, si je rencontre jamais un homme qui sache se faire aimer de moi, comme je ne voudrais ni l’épouser, ni m’embarrasser d’une famille, je n’aurais aucune honte à lui appartenir en dehors de toute convention.

Artout riait, trouvait cette déclaration très crâne, admirait la bravoure et la sincérité de cette jeune femme si hardie, si inquiétante aussi. Mais il finit par lui dire qu’en se refusant à fonder un foyer, en se donnant hors des lois sociales, elle commettait, à tout le moins, ce qu’il nomma plaisamment un « péché laïc »…

Plusieurs fois la sonnette avait retenti. Les clients s’amassaient dans le salon d’attente. Cette proximité de sa clientèle communiquait à la doctoresse plus d’assurance et plus de domination : le sens de sa valeur. Et comme Artout lui citait une fois de plus l’exemple de Thérèse Guéméné devenue mère, alliant sa vie sentimentale, ses devoirs sociaux de femme et sa médecine, elle s’écria :

— Et le bébé, que va-t-il devenir ? Va-t-elle maintenant s’établir, exercer ? Le choix s’impose : ou ses malades, ou son enfant. Je ne comprends guère une jeune mère qui trotterait par les rues, du matin au soir. Impossible d’allaiter le petit, en tout cas. Voyez-vous un enfant chez moi, mon cher maître ? Cinq personnes attendent actuellement ma consultation ; je soigne en ville sept jeunes femmes, trois enfants ; je puis être demandée sans délai à l’autre bout de Paris ; demain je donne le chloroforme avec vous, rue Montaigne ; j’attends d’ici huit jours trois accouchements ; j’ai en cours des études bactériologiques très sérieuses, mon laboratoire me prend trois heures, chaque matinée ; je déjeune demain avenue Marigny ; après-demain j’ai un concert chez une jeune malade…

Et, ne pouvant retenir un rire de triomphe qui la faisait cependant moins orgueilleuse, plus femme :

— Vous voudriez que, par-dessus le marché, j’eusse des enfants !

Il se leva pour céder la place aux consultants, et, tendant la main à la jeune femme :

— Adieu, Phénomène !

Puis, à la porte, paternellement :

— Je vous souhaite le grand amour… qui vous vaincra !

Restée seule, la doctoresse demeura debout, au milieu de la grande pièce blanche ; ses yeux fixes s’adoucirent, elle murmura en elle-même :

« Le grand amour… Pourquoi pas ? »

Et, songeant qu’un jour peut-être Boussard serait ici, devant elle, disant pour elle seule des mots qui révéleraient son âme inconnue, elle s’étonna de sentir en elle-même tant de trouble et de douceur.

Mais aussitôt, reprenant son masque glacial, elle ouvrit la porte du salon d’attente et commença de recevoir ses clientes.