Principes de la musique et méthode de transposition, 4e édition/p1/2b
NOTATION
SUITE DES SIGNES D’INTONATION.
58. Il fallait un moyen de désigner et d’écrire ces nouveaux sons, dièses, bémols, doubles dièses, doubles bémols. Or, tous les espaces de la portée étant déjà occupés par les notes de la gamme d’ut, on a imaginé de donner aux sons intermédiaires la position et le nom de l’une des notes voisines, en indiquant toutefois, au moyen d’un signe particulier, que l’intonation de cette note devait être haussée ou abaissée. Par cet artifice on suppose, par exemple, que la note plus haute d’un demi-ton que l’ut, est un ut haussé d’un demi-ton ; ou que la note plus basse d’un demi-ton que le ré, est un ré baissé d’un demi-ton, et en conséquence on écrit la première à la place de la portée destinée à l’ut, en faisant précéder cette note du signe du dièse ; alors elle se nomme ut dièse. De même la note inférieure d’un demi-ton au ré est figurée par un ré précédé du signe du bémol, et elle s’appelle ré bémol. Il en est de même à l’égard des autres notes. |
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59. Par suite de cette fiction, on nomme naturelles les notes qui ne sont sous l’action d’aucun signe de ce genre, et dont l’intonation est par conséquent conforme à celle que prennent ces mêmes notes dans la gamme d’ut[1]; et l’on qualifie d’altérées les notes placées sous l’empire d’un signe indiquant une modification quelconque dans l’intonation. | Notes naturelles et notes altérées. |
60. Ces signes se nomment signes d’altération. Ce sont, comme on le sait (Premières notions) : Le dièse ♯, qui hausse la note d’un demi-ton chromatique (demi-ton formé par deux notes du même nom, Premières notions, et ci-après, § 70). Le bémol , qui baisse la note d’un demi-ton chromatique. Le double dièse, qui se figure de plusieurs manières et qui signifie que l’intonation de la note doit être élevée de deux demi-tons chromatiques. Le double bémol , qui, au contraire, marque qu’elle doit être abaissée de deux demi-tons chromatiques. Le bécarre[2] détruit l’effet des divers signes d’altération, en ramenant la note précédemment altérée à l’état naturel (c’est-à-dire à l’intonation qu’aurait cette note dans la gamme d’ut)[3]. NOTA. — Quand le bécarre annule accidentellement un dièse ou un bémol nécessaire à la constitution d’une gamme, il y produit un son étranger. Par rapport à cette gamme, ce dièse ou ce bémol représenterait donc l’intonation normale, et le bécarre qui viendrait la modifier remplirait le rôle d’une altération. Toutes les règles relatives à l’emploi des signes d’altération sont applicables au bécarre. |
Signes d’altération. |
61. Les signes d’altération qu’on rencontre passagèrement durant le cours d’un morceau se nomment altérations accidentelles. Ils exercent leur action, non-seulement sur la note devant laquelle ils sont placés, mais encore sur toutes celles du même nom, qui se trouveraient après eux, dans la même mesure. N. B. — On doit entendre ici par le mot mesure, l’espace compris entre les barres qui traversent la portée perpendiculairement de distance en distance. (Premières notions, ou ci-après, § 220.) Les altérations accidentelles expriment des sons étrangers au ton dans lequel le morceau est écrit. |
Altérations accidentelles. |
62. Les altérations nécessaires à la formation d’une gamme sont, à l’égard de cette gamme, des altérations constitutives. | Altérations constitutives. |
63. Les signes qui représentent les altérations constitutives du ton principal du morceau se placent à la droite de la clef, sans être accompagnés des notes qu’ils désignent par leur position sur la portée. C’est là ce qu’on nomme l’armure de la clef.
Les signes qui arment la clef ont une action permanente, qui peut être suspendue, mais non détruite par l’effet des altérations accidentelles. |
Armure de la clef. |
64. L’armure de la clef offre un double avantage : elle fait éviter la surcharge qu’occasionnerait dans la notation la fréquente répétition des signes dont elle est formée ; et elle révèle tout d’abord le ton du morceau (§ 133). | |
65. On n’arme jamais la clef de plus de sept dièses ou de sept bémols ; c’est-à-dire qu’on n’y place pas de doubles dièses ni de doubles bémols.
Nous avons maintenant tous les signes nécessaires pour noter l’intonation. |
RÉSUMÉ.
A. La distance qui sépare les sons de la gamme n’est pas partout la même.
Entre certains degrés, cette distance est d’un ton ; entre certains autres, elle n’est que d’un demi-ton.
B. On peut définir le ton : la plus grande distance qui sépare deux degrés diatoniques[4] conjoints.
C. La gamme où l’on procède ainsi par tons et demi-tons (diatoniques) est appelée gamme ou échelle diatonique.
D. La gamme diatonique que nous connaissons contient cinq tons et deux demi-tons.
E. Ces demi-tons sont placés du troisième au quatrième degré et du septième au huitième.
F. On peut faire la gamme en prenant une autre note qu’ut pour premier degré.
G. La gamme porte le nom de la note qui forme son premier degré. La gamme que nous avons vue jusqu’ici se nommerait donc : gamme d’UT ; mais on peut encore avoir la gamme de RÉ, la gamme de MI, la gamme de FA, etc.
H. Le mot ton n’exprime pas seulement la distance existant entre certains sons (comme d’ut à ré), il est pris encore dans un sens tout différent. Il signifie l’ensemble des notes qui constituent une gamme diatonique.
I. Le mot ton n’implique pas, comme le mot gamme, que les notes doivent nécessairement se succéder par degrés conjoints.
J. Le passage d’un ton à un autre se nomme modulation.
K. La gamme d’ut est le modèle de toutes les autres ; c’est-à-dire que, quel que soit le point de départ de la gamme, les demi-tons doivent toujours se trouver du 3e au 4e degré, et du 7e au 8e, ainsi que cela a lieu dans la gamme d’ut.
L. Pour obtenir ce résultat, il faut avoir recours à de nouveaux sons, plus hauts ou plus bas d’un demi-ton que ceux de la gamme d’ut.
M. Ces nouveaux sons pris, à leur tour, pour point de départ, donneront lieu à des gammes pour la régularité desquelles il faudra augmenter encore le nombre des sons du système.
N. Tous ces nouveaux sons, comparés à ceux de la gamme d’ut, sont plus élevés ou plus bas d’un demi-ton (chromatique) ; pour certains sons, la différence est de deux demi-tons (chromatiques).
O. Tous ces sons s’écrivent au moyen des notes de la gamme d’ut, devant lesquelles on place un signe indiquant la modification voulue dans l’intonation de la note.
P. Ces signes sont appelés signes d’altération, et les notes sur lesquelles ils agissent sont dites altérées.
Les notes non altérées, et qui, en conséquence, sont telles que les donne la gamme d’ut, sont qualifiées de naturelles.
Q. Les signes d’altération sont :
Le dièse ♯, qui hausse la note d’un demi-ton (chromatique) ;
Le bémol , qui la baisse d’un demi-ton (chromatique) ;
Le double dièse , qui l’élève de deux demi-tons (chromatiques) ;
Le double bémol , qui la baisse de deux demi-tons (chromatiques).
R. Le bécarre ramène à l’état naturel la note précédemment altérée.
S. Le bécarre n’est pas, à proprement parler, un signe d’altération ; mais parfois il en joue le rôle, et il s’emploie de la même manière.
T. Les signes d’altération qu’on rencontre passagèrement, dans le cours d’un morceau, sont appelés altérations accidentelles.
Leur action ne se prolonge pas au delà de la mesure dans laquelle ils sont placés.
U. L’altération mise devant une note agit sur toutes les autres notes du même nom dont cette altération serait suivie durant la mesure.
V. Les signes d’altération se placent encore immédiatement après la clef, et ils en constituent l’armure.
X. Dans ce cas, leur action est permanente.
Y. L’armure de la clef fait éviter la fréquente répétition des signes dont elle est formée, et elle signale le ton du morceau.
Z. Ni le double dièse, ni le double bémol, ne figurent dans l’armure de la clef.
EXERCICES.
<poem>
La distance est-elle la même entre tous les degrés
de la gamme ? — A.
Qu’est-ce qu’un ton ? — B.
Qu’appelle-t-on gamme ou échelle diatonique ? — C.
de demi-tons ? — D.
Où les demi-tons sont-ils placés ? — E.
Petit-on faire la gamme en prenant une autre note qu’UT
pour premier degré ? — F.
Comment désigne-t-on les diverses transpositions de la
gamme, autrement dit : les DIFFÉRENTES GAMMES ? — G.
Nous savons que le mot TON exprime la distance existant
entre certains sons ; ce mot n’a-t-il pas encore
une autre signification ? — H.
Quelle différence y a-t-il entre la signification du mot TON
et celle du mot GAMME ? — I.
Comment nomme-t-on le passage d’un ton à un autre ? — J.
Quelle gamme est le type, le modèle des autres gammes ? — K.
Quelles conditions une gamme doit-elle remplir pour
être conforme à la gamme modèle ? — K.
Quand on prend pour premier degré d’une gamme une
autre note qu’UT, comment peut-on obtenir que
les tons et les demi-tons soient à la place qu’ils
doivent occuper ? — L.
Comment nomme-t-on les sons plus élevés ou plus bas que
ceux de la gamme d’UT ? — 0.
Sous quel nom général désigne-t-on les signes indiquant
une modification dans l’intonation des notes ? — P.
Comment qualifie-t-on les notes qui sont sous l’empire
d’un signe d’altération et celles qui sont franches
de toute altération ? — P.
Faites connaître les divers signes d’altération, leur figure,
leur effet. — Q..
Par quel signe indique-t-on qu’une note, précédemment
altérée, doit être rendue naturelle ? — R.
Le BÉCARRE doit-il être-considéré comme un signe
d’altération. — S.
Qu’est-ce que les signes d’altération ACCIDENTELS ? — T.
Les signes d’altération accidentels n’agissent-ils que sur
la note devant laquelle ils sont placés ? — U.
Les signes d’altération ne se placent-ils que devant
les notes ? — V.
Qu’est-ce que l’ARMURE de la clef ? — V.
De quelle manière agissent les signes d’altération
quand ils sont placés à la clef ? — X.
Pourquoi place-t-on à la clef les signes d’altération appartenant
au ton dans lequel le morceau est écrit ? — Y.
Place-t-on à la clef toutes sortes de signes d’altération ? — Z.
Entre quelles notes les demi-tons sont-ils placés dans
telle gamme ?
Formez la gamme sur telle note ; nommez-en tous les sons.
EXERCICES PRATIQUES
Dictées dans différents tons (sans modulation).
66. Nous avons vu comment la reproduction exacte de la gamme modèle, à divers points de départ, avait nécessité l’introduction de nouveaux sons, appelés dièses et bémols, venant couper en deux les intervalles de ton existant entre les notes naturelles. Au moyen de ces sons diviseurs, ajoutés aux notes naturelles, l’échelle peut être entièrement partagée en demi-tons, et, dans cet état, elle prend le nom de gamme ou d’échelle chromatique[5]. |
Gamme ou échelle chromatique. |
67. L’échelle chromatique peut être formée, soit au moyen des altérations supérieures, les dièses, soit à l’aide des altérations inférieures, les bémols. Elle présente un total de douze sons différents. |
68. Cependant on écrit habituellement la gamme chromatique ascendante au moyen des dièses, ou des bécarres annulant les bémols constitutifs (car toutes les gammes peuvent être divisées chromatiquement) ; et la gamme chromatique descendante, au moyen des bémols, ou des bécarres annulant les dièses constitutifs. |
Gamme chromatique ascendante. |
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Gamme chromatique descendante. |
On verra le motif de cette disposition au § 75. |
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69. Les exemples précédents nous montrent les dièses et les bémols partageant, chacun dans un sens différent, l’intervalle de ton. C’est ainsi qu’entre l’ut et le ré, on trouve ut dièse plus haut que l’ut, et ré bémol plus bas que le ré. Si donc chacune de ces notes, ut dièse et ré bémol, divisait exactement par la moitié l’intervalle qui existe entre ut naturel et ré naturel, il est clair que les deux notes ut dièse et ré bémol tomberaient juste au même point, et que, sous deux noms différents, elles désigneraient un seul et même son. Cependant, rigoureusement parlant, il n’en est pas ainsi[6]. En comparant soigneusement l’ut dièse au ré bémol, on reconnaît que ces deux sons, quoique très-rapprochés, ne sont pas identiques, mais que l’ut dièse est un peu plus haut que le ré bémol. En soumettant tous les autres sons intermédiaires, dièses et bémols, à une semblable comparaison, on reconnaîtra toujours la même différence : constamment le dièse sera plus élevé que le bémol correspondant. Cette petite différence est à peu près la neuvième partie d’un ton. On nomme comma ce minime intervalle. Ainsi, en plaçant les notes précédentes conformément à leur degré d’élévation, elles se succéderaient dans cet ordre :
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Deux espèces de demi-tons. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
70. Il suit de là qu’un ton est partagé en deux demi-tons, d’espèces différentes. |
ou ut ♯ ré, se nomme demi-ton diatonique, parce que c’est celui qui entre dans la formation des gammes diatoniques. | L’un, de quatre commas, comme ut réDemi-ton diatonique. |
ré , est appelé demi-ton chromatique, parce qu’il appartient à la gamme chromatique. — Note f. NOTA. — On distinguera facilement ces deux sortes de demi-tons, en remarquant que le demi-ton diatonique est toujours formé par deux notes de noms différents: ut ré , ut ♯ ré, mi fa, si ut, etc. Le demi-ton chromatique, au contraire, est toujours produit par deux notes portant le même nom, mais dont l’une est altérée : ut ut ♯, ré ré , etc. ; c’est l’altération d’un même degré. |
L’autre, de cinq commas, comme ut ut ♯ ou ré Demi-ton chromatique. |
71. En analysant la gamme chromatique, on trouvera qu’elle contient, dans l’étendue d’une octave, 12 demi-tons, dont 7 diatoniques et 5 chromatiques[7]. | Nombre des demi-tons dans la gamme chromatique. |
72. Les notes qui entrent dans la formation d’une gamme diatonique se nomment, par rapport à cette gamme, notes diatoniques. Ainsi les notes naturelles sont diatoniques dans le ton d’ut, où toutes les notes sont naturelles ; les notes diésées ou bémolisées sont de même diatoniques, dans les tons auxquels elles appartiennent. |
Notes diatoniques. |
73. Les notes étrangères à une gamme diatonique sont, par rapport a cette gamme, des notes chromatiques. Par exemple, à l’égard du ton d’ut où toutes les notes sont naturelles, les notes diésées ou bémolisées seraient chromatiques. Au contraire, relativement à un ton qui ne prendrait que des notes diésées, celles-ci seraient diatoniques et les notes naturelles chromatiques. Une même note peut donc être chromatique dans un ton, et diatonique dans un autre. Ainsi fa dièse est chromatique dans le ton d’ut, et diatonique dans le ton de sol ; fa naturel est diatonique dans le ton d’ut, et chromatique dans le ton de sol. |
Notes chromatiques. |
74. Nous avons vu qu’en prenant les sons dans leur justesse rigoureuse, le ton se trouvait partagé en deux demi-tons inégaux : l’un de cinq commas, le demi-ton chromatique ; l’autre de quatre, le demi-ton diatonique. Si donc on franchit d’abord le demi-ton chromatique, il ne reste plus qu’un demi-ton diatonique pour aller à la note suivante. Supposons, par exemple, que nous voulions aller chromatiquement d’ut à ré : si nous faisons d’abord le demi-ton chromatique ut ut ♯, alors nous ne serons plus éloignés du ré que d’un demi-ton diatonique (4 commas) ; aussi cet ut dièse tend-il beaucoup plus à monter au ré qu’à retomber à l’ut naturel. Si, au contraire, on veut descendre chromatiquement du ré à l’ut, on procédera en sens inverse, et l’on fera ré, ré , ut : le ré bémol tendant à descendre à l’ut, dont il est plus rapproché que du ré naturel. |
Chromatiques ascendantes et chromatiques descendantes. |
75. Il y a donc deux sortes de notes chromatiques : les chromatiques ascendantes, qui sont produites, suivant le cas, par les dièses, les doubles dièses ou les bécarres annulant les bémols constitutifs ; et les chromatiques descendantes, qui, suivant les circonstances, sont formées par les bémols, les doubles bémols, ou les bécarres annulant les dièses constitutifs. Telle est la raison pour laquelle la gamme chromatique (ainsi que nous l’avons indiqué au § 68) n’est pas notée habituellement de la même manière en descendant qu’en montant : on se sert naturellement des chromatiques ascendantes pour la monter et des chromatiques descendantes pour la descendre. | |
76. La distance d’un comma existant entre les sons, dièses et bémols, qui partagent un ton, est si petite, que ces sons se confondent presque. Ainsi, dans l’exemple précédent, l’oreille n’éprouve pas une grande difficulté à admettre l’un pour l’autre l’ut dièse et le ré bémol. C’est pourquoi les notes qui représentent des sons ayant entre eux une telle analogie sont appelées synonymes ou enharmoniques. | Notes synonymes ou enharmoniques. |
77. Le passage d’une note à la synonyme se nomme enharmonie[8]. | Enharmonie. |
78. Pour éviter l’extrême complication qu’aurait occasionnée la production exacte de chacun de ces sons sur certains instruments, et particulièrement sur les instruments à clavier, on a imaginé d’accorder ces instruments de manière que le ton fût partagé en deux demi-tons parfaitement égaux, ce qui permet de n’avoir qu’un même son, et par conséquent qu’une même touche, pour les notes synonymes. Par ce moyen, le véritable ut dièse et le véritable ré bémol de notre exemple n’existeront plus, mais ils seront remplacés, l’un et l’autre, par un son intermédiaire qu’on nommera, selon le besoin, soit ut dièse, soit ré bémol. On conçoit que, dans la pratique, un semblable défaut de justesse (la moitié d’un comma) devient tout à fait inappréciable. | Tempérament. |
[9]. | Ce système appliqué à toutes les notes synonymes se nomme tempérament|
79. Dans le système de la justesse absolue, on trouve que les notes naturelles et altérées forment un total de trente-cinq notes distinctes : | Le tempérament réduit à 12 le nombre des sons contenus dans une octave. |
Notes naturelles | . . . . . . . . . .7 |
Notes diésées | . . . . . . . . . . .7 |
Notes bémolisées | . . . . . . . . .7 |
Notes doublement diésées | . . . . . .7 |
Notes doublement bémolisées | . . . . .7 |
Total . | . .---- 35 |
Or, dans le système de tempérament, et grâce à l’enharmonie, ces trente-cinq notes se réduisent à douze sons réellement différents ; c’est ce que montre le tableau suivant. |
OU LES 35 NOTES EXPRIMÉES PAR 12 SONS.
NOTA. — Dans ce tableau, les notes sont disposées par quintes. Les notes naturelles sont écrites en gros caractère ; les notes diésées ou bémolisées, en caractère moyen, et les notes affectées du double dièse ou du double bémol, en petit caractère.
Voilà pourquoi le clavier du piano ne présente que douze touches par octave. | |
80. Néanmoins on n’est pas libre d’appeler indifféremment un son des noms divers réunis sur lui par l’enharmonie, mais il faut lui donner le nom que lui assigne le rang qu’il occupe dans la gamme à laquelle il appartient. Par exemple, le si bémol, 4e degré de la gamme de fa, ne saurait être confondu avec son synonyme la dièse, car la note la ne peut être quatrième degré d’une gamme qui commence par fa ; 4e degré ne peut être que si : |
1 | 2 | 3 | 4 | |||
fa | sol | la | si | etc. |
Réciproquement, la dièse, 7e degré de la gamme de si, ne pourra être nommé si bémol, car la note si ne peut remplir la fonction de 7e degré dans une gamme dont le premier est un si. Ces noms divers pour un même son qui remplit plusieurs rôles, ne sont donc pas une superfluité. | |
81. D’après ce qui précède, on reconnaîtra qu’il y a, pour les sons, trois manières de succéder : 1° Par tons et demi-tons diatoniques ; 2° Par demi-tons chromatiques ; 3° Par transition enharmonique, c’est-à-dire en passant d’une note à sa synonyme. Ces trois modes de succession constituent les trois genres : le diatonique, le chromatique et l’enharmonique. On comprend que le genre enharmonique est le moins usité. Ajoutons que les genres sont presque toujours mixtes, c’est-à-dire que le diatonique entre pour beaucoup dans le chromatique, et que l’un et l’autre sont nécessairement mêlés à l’enharmonique. |
Genres. |
RÉSUMÉ.
A. Au moyen des altérations, on peut partager en deux demi-tons chacun des espaces de ton contenus dans la gamme diatonique.
B. Une semblable succession de demi-tons se nomme gamme ou échelle chromatique.
C. La gamme chromatique présente douze sons différents dans l’étendue d’une octave.
D. Elle peut être formée, soit au moyen des altérations supérieures, soit à l’aide des altérations inférieures.
E. On emploie de préférence les altérations supérieures dans la gamme ascendante ; et les altérations inférieures dans la gamme descendante.
F. Tout intervalle de ton se partage en deux demi-tons d’espèces différentes.
G. L’un de ces demi-tons est appelé demi-ton diatonique, parce que c’est celui qui entre dans les gammes diatoniques.
L’autre se nomme demi-ton chromatique, parce qu’il est spécial à la gamme chromatique.
H. Le demi-ton diatonique est toujours formé par deux notes de noms différents : si ut, fa ♯ sol, ré mi .
Dans le demi-ton chromatique, les deux notes sont de même nom, mais dans un état différent : ut ut ♯, ré ré .
I. La gamme chromatique contient, dans l’étendue d’une octave, sept demi-tons diatoniques et cinq demi-tons chromatiques ; en tout, douze demi-tons.
J. Les notes qui forment une gamme diatonique sont, a l’égard de cette gamme, des notes diatoniques.
Les notes étrangères à une gamme sont, par rapport a elle, des notes chromatiques.
K. Il y a deux sortes de notes chromatiques : les chromatiques ascendantes, produites par les altérations supérieures ; et les chromatiques descendantes, produites par les altérations inférieures.
L. C’est parce que les altérations supérieures tendent a monter et les inférieures à descendre, qu’on emploie de préférence les premières dans la gamme chromatique ascendante, et les secondes dans la gamme chromatique descendante.
M. On appelle synonymes ou enharmoniques, les notes qui, sous des noms différents, ont une intonation à peu près identique, telles qu’ut ♯ et ré .
N. L’enharmonie consiste dans le passage d’une note à sa synonyme.
O. On appelle tempérament, un système dans lequel chaque ton est divisé en deux demi-tons parfaitement égaux. Alors les notes synonymes sont rendues par un son unique ; et ainsi disparaît la légère différence qui, en principe, existerait entre elles.
P. Le tempérament réduit à douze le nombre des sons contenus dans une octave.
Q. Ces douze sons pourraient exprimer trente-cinq notes.
R. Par l’enharmonie, un son reçoit plusieurs noms, mais on n’est pas libre de les appliquer indifféremment. Un son doit toujours prendre le nom que lui assigne la fonction qu’il remplit dans la gamme.
S. On appelle genres, les différentes manières dont les sons peuvent se succéder.
T. Il y a trois genres : le diatonique, le chromatique et l’enharmonique, puisque les sons peuvent se succéder de trois manières, par tons et demi-tons diatoniques, par demi-tons chromatiques et par transition enharmonique.
U. Dans la pratique, les genres sont presque toujours associés. L’enharmonique est peu fréquent.
EXERCICES.
Chaque intervalle de ton peut-il être partagé en deux
demi-tons ? — A.
Comment nomme-t-on une série de sons procédant
constamment par demi-tons ? — B.
Combien la gamme chromatique présente-t-elle de sons
différents, dans l’étendue d’une octave ? — C.
Peut-on former la gamme chromatique aussi bien
avec les altérations inférieures qu’avec
les altérations supérieures ? — D.
Écrit-on habituellement de la même manière
la gamme chromatique ascendante et
la gamme chromatique descendante ? — E.
Un ton partagé en deux fournit-il deux demi-tons
de même espèce ? — F.
Par quel nom désigne-t-on les deux espèces de demi-tons ? — G.
Comment distingue-t-on le demi-ton diatonique du
demi-ton chromatique ? — H..
Combien la gamme chromatique, dans l’étendue d’une octave,
renferme-t-elle de demi-tons de chaque espèce ? — I.
Qu’appelle-t-on notes diatoniques et notes chromatiques ? — J.
Ne distingue-t-on pas deux sortes de notes chromatiques ?
Quelles sont-elles ? — K.
Expliquez pourquoi la gamme chromatique s’écrit habituellement
avec les altérations supérieures pour monter, et avec
les altérations inférieures pour descendre. — L.
Qu’est-ce que les notes synonymes ou ENHARMONIQUES ? — M.
En quoi consiste l’ENHARMONIE ? — N.
Qu’est-ce que le TEMPÉRAMENT dans l’accord des sons
de l’échelle musicale ? — O.
Dans le système du tempérament, combien y a-t-il de sons
réellement différents ? — P.
Combien de notes peut-on exprimer au moyen des douze sons
fournis par le système du tempérament ? — Q.
Puisque le tempérament réduit le nombre des sons, pourquoi
n’a-t-on pas réduit également le nombre des notes,
et a-t-on conservé plusieurs noms pour un même son ? — R.
Qu’appelle-t-on GENRES en musique ? — S.
Combien y a-t-il de genres ? Quels sont-ils ? — T.
Quels seraient le demi-ton diatonique et le demi-ton chromatique
résultant de la division par le dièse de l’intervalle de ton formé
par les deux notes FA, SOL (ou toutes autres notes
à distance de ton) ?
Quels seraient le demi-ton diatonique et le demi-ton chromatique
résultant de la division par le bémol de l’intervalle de ton
formé par les deux notes FA, SOL (ou toutes autres notes
à distance de ton) ?
Formez un demi-ton diatonique sur telle note naturelle,
— sur telle note diésée, — sur telle note bémolisée.
Formez un demi-ton chromatique sur telle note naturelle,
— sur telle note bémolisée, — sur telle note diésée.
Quelles seraient les notes diatoniques et les notes chromatiques
à l’égard du ton et UT, où toutes les notes sont naturelles ?
Même question par rapport à un ton où toutes les notes
seraient diésées ? — Par rapport à un ton où toutes
les notes seraient bémolisées ?
Quelles sont les enharmoniques de telle note ?
EXERCICES PRATIQUES
Dictées sans modulation, mais avec l’emploi de quelques notes chromatiques.
Nous voici en possession de tous les sons dont se compose notre système moderne. C’est l’ensemble de tous ces sons, rangés dans un ordre progressif, qui constitue l’échelle musicale dont, au début, nous avons donné la définition, et que nous pouvons maintenant comprendre.
Nous en apprécions les éléments, nous en connaissons la notation ; dans l’étude qui va suivre, nous nous occuperons des rapports de distance existant entre tous ces sons, c’est-à-dire, des intervalles qui les séparent dans leurs diverses combinaisons.
- ↑ La gamme d’ut est quelquefois appelée gamme naturelle, parce qu’elle est entièrement formée de notes naturelles.
- ↑ Voyez, pour l’étymologie du mot bécarre, la note E, à la fin du volume.
- ↑ Chaque signe d’altération a une signification précise et absolue, c’est-à-dire que toujours le dièse indique un son plus élevé d’un demi-ton ; le bémol, un son plus bas d’un demi-ton que la note naturelle ; le bécarre exprime toujours une note naturelle. En conséquence, quelle que soit l’altération dont ait été affectée une note, dièse, bémol, double dièse, double bémol, le simple bécarre la ramènera toujours à l’état naturel. Il n’y a donc pas de double bécarre : une note doublement naturelle serait un non-sens.
On doit conclure de cette remarque sur l’interprétation des signes d’altération, qu’il est superflu d’écrire, ainsi que cela se voit quelquefois, un bécarre et un dièse, ou un bécarre et un bémol à la même note, pour indiquer que cette note, précédemment affectée d’un double dièse ou d’un double bémol, doit être ramenée à l’état de simple dièse ou de simple bémol. Le signe ♯ ou , à lui seul, suffit pour cela, puisque les signes d’altération sont toujours censés agir sur des notes naturelles ; autrement un double dièse placé devant une note déjà diésée rendrait cette note triple dièse !… Cela n’est admis par personne. Néanmoins nous devons faire remarquer que les anciens compositeurs ont souvent adopté, dans l’usage des signes d’altération, le système opposé à celui-ci, ainsi, pour rendre double dièse une note déjà diésée, ils la diésaient de nouveau. - ↑ Degrés ou notes diatoniques, notes appartenant à une même gamme diatonique (voyez ci-après, § 72).
- ↑ Du grec chrôma, couleur
- ↑ Nous verrons tout à l’heure comment, par l’effet du tempérament, la supposition précédente devient une réalité.
- ↑ La gamme chromatique ne peut pas être formée exclusivement de demi-tons chromatiques, puisque la division du ton produit les deux espèces de demi-tons ; une seule espèce de demi-tons ne peut constituer une échelle.
- ↑ Du grec en, dans ; armonia, liaison, accord.
- ↑ L’enharmonie est une des plus remarquables propriétés de notre système moderne, par les rapports qu’elle établit entre des tons fort étrangers, en apparence. Or, le tempérament, favorisant ces transitions enharmoniques qui, sans lui, seraient dures et souvent même impraticables, doit être considéré comme un avantage bien plutôt que comme un défaut.