Proverbes dramatiques/Les Ennuis de la campagne

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LES ENNUIS
DE
LA CAMPAGNE.

QUATRE-VINGT-TREIZIEME PROVERBE.


PERSONNAGES.


Me. DE CLAIRAS.

Me. DE RESAN.

M. DE CLAIRAS.

LE CHEVALIER DE CORSI.

L’ABBÉ CONSERVE.

M. TRAGIQUIN, Comédien.

DUBOIS, Valet-de-chambre.

LA BRISEE, Garde-de-chasse.


La Scene est à la campagne, chez M. de Clairas.

Scène premiere.

Me. DE CLAIRAS, Me. DE RESAN.
Me. DE RESAN.

Vous voyez bien, Madame de Clairas, que nous avons eu tort de nous presser de descendre dans le sallon, puisqu’il n’y a personne.

Me. DE CLAIRAS.

Mais vous savez bien que voilà comme sont ces Messieurs ; ils se plaignent toujours qu’on ne peut pas nous tirer de nos chambres, & je voudrois savoir pourquoi faire ; car si nous travaillons, cela les ennuie.

Me. DE RESAN.

Oui, ils veulent qu’on ne soit occupée que d’eux, & ils ne font rien pour vous plaire ; je vous avoue que souvent les hommes m’impatientent.

Me. DE CLAIRAS.

Sur-tout les maris ; ils se croient en droit de vous contrarier sans cesse, & sur tout. Par exemple, ne trouvez-vous pas bien agréable d’être à la campagne par le temps qu’il fait ?

Me. DE RESAN.

Ces Messieurs veulent chasser.

Me. DE CLAIRAS.

Oui, & pendant ce temps-là nous ne profitons pas de nos petites loges.

Me. DE RESAN.

Si du moins ils cherchoient à nous amuser.

Me. DE CLAIRAS.

Bon ! ils y pensent bien : ils causent entr’eux.

Me. DE RESAN.

Et quand une fois ils ont entamé une conversation sur la guerre, il y a pour en mourir d’ennui.

Me. DE CLAIRAS.

Et la chasse donc ?

Me. DE RESAN.

Est-ce qu’ils n’y ont pas fait aller aujourd’hui l’Abbé Conserve.

Me. DE CLAIRAS.

J’ai cru qu’il s’étoit échappé pour aller dîner chez la Vicomtesse de Rose-seche, que je ne peux pas souffrir.

Me. DE RESAN.

Je pense bien comme vous. C’est une créature odieuse, avec toutes ses prétentions à l’esprit ; elle ne parle que de vers, décide de tous les ouvrages nouveaux, & elle ne fait jamais ce qu’elle dit.

Me. DE CLAIRAS.

L’Abbé l’aime à la folie, avec tout cela.

Me. DE RESAN.

Parce qu’elle lui trouve beaucoup d’esprit. J’ai pourtant vu un moment où il étoit brouillé avec elle.

Me. DE CLAIRAS.

C’est qu’elle avoit trouvé mauvais des vers qu’il avoit fait pour moi.

Me. DE RESAN.

Ah ! voilà ce que c’est. Il vouloit s’en venger, & pour cela, il avoit fait le plus mauvais logogriphe du monde, qu’il vouloit faire mettre dans le Mercure sous le nom de la Vicomtesse.

Me. DE CLAIRAS.

Cela auroit été délicieux ! A propos, il avoit promis de nous faire un Proverbe pour ce soir.

Me. DE RESAN.

Il y travaille peut-être. Ah ! voilà le Chevalier.

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Scène II.

Me. DE CLAIRAS, Me. DE RESAN, LE CHEVALIER.
Me. DE RESAN.

Chevalier, qu’avez-vous fait de l’Abbé Conserve ?

LE CHEVALIER.

Bon ! nous l’avions posté à merveilles au coin du bois de Chersi, où même le sanglier a passé ; il s’est ennuyé de l’attendre, & il nous a laissé.

Me. DE CLAIRAS.

Il a bien fait.

LE CHEVALIER.

Point du tout ; car il l’auroit peut-être tué, & il auroit évité ce qui est arrivé à Clairas.

Me. DE CLAIRAS.

Comment donc ?

LE CHEVALIER.

J’étois à la croisée du chemin qui va au pont, Clairas étoit posté au poteau de la fontaine ; j’entends quelque chose qui me dépasse, que je ne vois pas, & qui va de son côté ; je lui crie : A toi, Clairas. Il tire, & c’est sur sa chienne.

Me. DE CLAIRAS.

Diane ?

LE CHEVALIER.

Oui vraiment.

Me. DE CLAIRAS.

J’en suis bien aise. Cette vilaine bête-là venoit toujours s’étendre devant le feu, & elle nous infestoit.

LE CHEVALIER.

Oh, mais ne vous réjouissez pas tant ; car ce ne sera rien.

Me. DE RESAN.

Quel malheur vous est-il donc arrivé ?

LE CHEVALIER.

Que nous avons manqué notre sanglier, qui, pendant que nous étions occupés de la chienne, a gagné le bois de Roumant.

Me. DE CLAIRAS.

Si ce n’est que cela, je ne m’en soucie guere.

Me. DE RESAN.

Mais l’Abbé, où est-il ?

LE CHEVALIER.

Dans sa chambre. Pendant que je m’habillois, je l’ai entendu qui faisoit des éclats de rire !

Me. DE CLAIRAS.

Quoi ! tout seul ?

LE CHEVALIER.

Oui, vraiment. J’ai été voir à propos de quoi ; il m’a dit : Ne me troublez pas ; cela sera charmant, & il barbouille actuellement du papier avec une facilité incroyable.

Me. DE RESAN.

C’est apparemment le Proverbe qu’il nous a promis.

LE CHEVALIER.

Oui ; car il m’a dit qu’il me faisoit un rôle…

Me. DE CLAIRAS.

Toujours charmant, comme il dit ?

LE CHEVALIER.

Sûrement.

Me. DE RESAN.

Ah ! le voilà.

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Scène III.

Me. DE CLAIRAS, Me. DE RESAN, LE CHEVALIER, L’ABBÉ.
Me. DE CLAIRAS.

Eh bien, l’Abbé, le Proverbe que vous nous aviez promis ?

L’ABBÉ.

Il est fait. Il sera charmant !

LE CHEVALIER.

Je vous l’avois bien dit, Mesdames.

Me. DE RESAN.

Voyons, voyons ce que c’est.

L’ABBÉ.

Mais c’est qu’il faudroit que ceux qui doivent y jouer fussent tous ici.

Me. DE CLAIRAS.

Qu’est-ce qu’il vous faut, l’Abbé ?

L’ABBÉ.

Mais vous, Mesdames, premiérement ; le Chevalier, Monsieur de Clairas, le Baron & moi ; je vous dis cela sera charmant !

Me. DE CLAIRAS.

Quel rôle me donnez-vous, à moi ?

L’ABBÉ.

Celui d’une coquette. C’est un rôle charmant !

Me. DE RESAN.

Et moi ?

L’ABBÉ.

Une vieille bavarde.

LE CHEVALIER.

Ce sera un rôle charmant, l’Abbé ?

L’ABBÉ.

Oui, charmant ! toi, un homme qui danse toujours, & qui casse tout.

LE CHEVALIER.

Fort bien. Et Clairas ?

L’ABBÉ.

Un homme de mauvaise humeur, que tout le monde impatiente.

Me. DE CLAIRAS.

Ce rôle-là est très-bon pour mon mari.

L’ABBÉ.

Vous verrez s’il ne sera pas charmant ! le Baron sera un distrait.

Me. DE RESAN.

Ah çà, le fond du Proverbe, qu’est-ce que c’est ?

L’ABBÉ.

Vous allez voir ; mais c’est qu’il faudroit attendre que tous ceux qui doivent jouer fussent ici.

Me. DE CLAIRAS.

Qu’est-ce que cela fait ?

Me. DE RESAN.

Dites-nous le mot du Proverbe.

L’ABBÉ.

A bon Entendeur salut. Je crois qu’il est charmant le mot ; hem, qu’en dites-vous ?

LE CHEVALIER.

Sans doute, charmant ! On peut faire beaucoup de chose là-dessus.

L’ABBÉ.

Ah ! pas tant.

Me. DE RESAN.

Dites donc, l’Abbé ? vous êtes odieux !

L’ABBÉ.

Ne vous fâchez pas. La coquette est à sa toilette.

Me. DE CLAIRAS.

L’Abbé, comment faudra-t-il que je sois habillée ?

L’ABBÉ.

Mais, comme on est à sa toilette.

Me. DE CLAIRAS.

Attendez, il faut savoir si j’ai mon peignoir de gaze.

L’ABBÉ.

Cela est égal.

Me. DE CLAIRAS.

Eh non, non, cela n’est pas égal. Chevalier, sonnez un peu ; qu’on me fasse venir Mademoiselle Julie.

L’ABBÉ.

Après que j’aurai fini, Madame, s’il vous plaît. Vous êtes donc à votre toilette.

Me. DE CLAIRAS.

Pourrois-je avoir un chapeau à l’Angloise ? je les aime à la folie.

L’ABBÉ.

Mais, Madame, c’est que…

Me. DE CLAIRAS.

Ah ! je vous en prie, l’Abbé, qu’est-ce que cela vous fait ?

L’ABBÉ.

Mais tout. Vous mettez vos diamans.

Me. DE CLAIRAS.

Les vôtres sont mieux montés que les miens, vous me les prêterez, Madame.

Me. DE RESAN.

Sans doute.

Me. DE CLAIRAS.

Allons, l’Abbé, je mettrai donc ce chapeau que j’avois avant hier.

L’ABBÉ.

La Marquise de Roquentin arrive, & raconte une histoire, qui est précisément la vôtre.

Me. DE RESAN.

J’aurai un collet monté, l’Abbé, celui avec lequel j’ai joué la gouvernante dans le Magnifique ?

L’ABBÉ.

Mais non, Madame, on est habillé à la Françoise.

Me. DE RESAN.

Oh, pardonnez-moi, je mettrai même une petite pointe noire, cela coëffe à merveilles.

L’ABBÉ.

Mais ce n’est point là le costume.

Me. DE RESAN.

Je ne jouerai pas le rôle sans cela, d’abord.

LE CHEVALIER.

Mais, Mesdames, vous ne saurez jamais le Proverbe, si vous l’arrêtez toujours.

Me. DE CLAIRAS.

C’est qu’il est nécessaire de savoir comment nous nous habillerons. Allons, finissez donc, l’Abbé.

L’ABBÉ.

Oh, mais vous ne savez encore rien. La Coquette, qui ne se reconnoît pas d’abord, à ce que lui dit la bavarde, passe toutes les femmes de Paris en revue ; vous sentez que vous aurez là de quoi faire des portraits charmants !

Me. DE CLAIRAS.

Madame, si je mettois cette robe que vous savez ?

Me. DE RESAN.

Oui, sous un peignoir, le couleur de rose sera à merveilles. Moi, je mettrai ma robe capucine rayée de verd.

Me. DE CLAIRAS.

Elle aura l’air couleur de rose & verd à la lumiere.

Me. DE RESAN.

Vous avez raison ; je pense que j’en ai une autre qui sera très-bien.

L’ABBÉ.

Mesdames, si vous voulez m’arrêter à chaque instant, je ne peux pas vous expliquer…

Me. DE CLAIRAS.

Nous vous entendons, continuez toujours.

LE CHEVALIER.

Attendez, l’Abbé, voici Clairas.

L’ABBÉ.

C’est bon. Si nous pouvions avoir le Baron à présent.

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Scène IV.

Me. DE CLAIRAS, Me. DE RESAN, M. DE. CLAIRAS, LE CHEVALIER, L’ABBÉ.
Me. DE CLAIRAS.

Arrivez donc, Monsiteur ; l’Abbé n’a qu’un cri après vous.

M. DE CLAIRAS.

Oui, c’est un joli sujet, il est cause que nous avons manqué notre sanglier.

Me. DE RESAN.

Allons, Monsieur de Clairas, laissez là votre chasse, & écoutez le Proverbe de l’Abbé.

M. DE CLAIRAS.

Et ma chienne sera peut-être estropiée encore.

Me. DE CLAIRAS.

Vous ne croyez donc pas qu’elle en mourra ?

M. DE CLAIRAS.

Je suis bien sûr que non.

Me. DE CLAIRAS.

En ce cas-là, c’est comme rien.

M. DE CLAIRAS.

Comment rien ? & si elle ne peut plus chasser ?

Me. DE CLAIRAS.

Oh ! je m’entends bien,.

M. DE CLAIRAS.

C’est-à-dire, que vous voudriez qu’elle fût morte ; c’est assez que je l’aime pour…

Me. DE RESAN.

Vous allez-vous quereller ? Nous n’avons pas de temps à perdre. L’Abbé, continuez donc.

L’ABBÉ.

J’en étois, je crois, à la conversation de la toilette.

M. DE CLAIRAS.

Encore le garde n’a su ce qu’il faisoit ; il avoit mis des éclisses trop courtes.

L’ABBÉ.

Madame de Roquentin dit donc à la Coquette…

M. DE CLAIRAS.

Ils n’ont jamais voulu aller chercher le pere de l’assemblée, qui s’y entend mieux qu’eux tous.

Me. DE RESAN.

Quoi ! c’est toujours votre chienne qui vous occupe ?

M. DE CLAIRAS.

Je parie qu’on vient me dire que tout cela va à la diable. La peste soit des gens !

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Scène V.

Me. DE CLAIRAS, Me. DE RESAN, M. DE. CLAIRAS, LE CHEVALIER, L’ABBÉ, DUBOIS .
Me. DE CLAIRAS.

Hé bien, qu’est-ce qu’il y a, Dubois, sera-t-elle estropiée ?

DUBOIS

Estropié, Madame, sûrement.

M. DE CLAIRAS.

Qu’est-ce que tu dis ? Il m’avoit assuré que non.

DUBOIS

Vous allez voir, Monsieur.

e. DE CLAIRAS.

Comment, voir ?

DUBOIS

Que je ne me trompe pas. Il n’a point de bras.

M. DE CLAIRAS.

Qui ?

DUBOIS

Un Monsieur qui vous demande ; c’est un drôle de corps toujours.

M. DE CLAIRAS.

Je crois qu’il est devenu fou.

DUBOIS

Je le crois aussi. Il a une canne.

M. DE CLAIRAS.

Une canne ?

DUBOIS

Oui, Monsieur, & un manchon.

M. DE CLAIRAS.

Qui donc ?

DUBOIS

Il est là : si vous voulez je le ferai entrer.

M. DE CLAIRAS.

Je n’y comprends rien, & il m’impatiente avec ses ris immodérés.

DUBOIS

Dame, Monsieur, ce n’est pas ma faute.

Me. DE CLAIRAS.

Faites entrer, au lieu de vous fâcher.

Me. DE RESAN.

Sans doute ; Madame de Clairas a raison, vous saurez ce que c’est.

M. DE CLAIRAS.

Allons, fais ce que ces Dames veulent.

DUBOIS.

Vous allez voir. Entrez, Monsieur. (Il rit.)

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Scène VI.

Me. DE CLAIRAS, Me. DE RESAN, M. DE. CLAIRAS, LE CHEVALIER, L’ABBÉ, M. TRAGIQUIN, sans bras, avec un manchon & une canne attachée à sa boutonniere.
M. DE CLAIRAS.

Qu’est-ce qu’il y a, Monsieur, que demandez-vous ?

M. TRAGIQUIN.

Monsieur, j’ai l’honneur de me présenter à vous pour vous offrir mes services.

M. DE CLAIRAS.

Et quel homme êtes-vous ?

M. TRAGIQUIN.

Monsieur, je suis Comédien ; & comme nous passons ici avec toute la troupe, nous serions très-flattés si nous pouvions avoir l’honneur d’amuser l’honorable compagnie qui est dans ce château.

LE CHEVALIER.

Est-ce vous, Monsieur, qui êtes le directeur ?

M. TRAGIQUIN.

Oui, Monsieur, à vous servir.

Me. DE RESAN.

Monsieur, qu’est-ce qui fait les premiers rôles qui dans votre troupe ? est-ce un homme bien fait, de jolie figure ?

M. TRAGIQUIN.

Oui, Madame, c’est moi.

LE CHEVALIER.

Eh ! comment faites-vous pour jouer la comédie sans bras ? Cela doit être curieux.

M. TRAGIQUIN.

Ah ! Monsieur, rien n’est plus aisé ; c’est l’habitude qui fait tout. Dans notre troupe, nous sommes tous invalides.

LE CHEVALIER.

Invalides ?

M. TRAGIQUIN.

Oui, Monsieur.

L’ABBÉ.

Et vos actrices, sont-elles jolies ?

M. TRAGIQUIN.

Monsieur l’Abbé, à quelques petits défauts près, ces Dames ne sont pas indifférentes.

Me. DE CLAIRAS.

Monsieur, comment vous appellez-vous ?

M. TRAGIQUIN.

Tragiquin, Madame, à vous obéir.

LE CHEVALIER.

Quels sont les autres acteurs, Monsieur Tragiquin ?

M. TRAGIQUIN.

Monsieur, nous avons Mademoiselle Pleuremiette pour les princesses & les grandes amoureuses ; Monsieur Pansards pour les rois & les paysans, & Monsieur Nazillard pour les confidents & les valets.

Me. DE CLAIRAS.

Monsieur, pourriez-vous nous donner quelque chose aujourd’hui ?

M. TRAGIQUIN.

Oui, Madame, vous n’avez qu’à ordonner.

Me. DE RESAN.

Je meurs d’envie de les voir ; mais je voudrois du tragique.

M. TRAGIQUIN.

Rien n’est plus aisé, Madame.

M. DE CLAIRAS.

Une tragédie seroit bien longue.

M. TRAGIQUIN.

Monsieur, nous en avons une en un acte, que vous ne connoissez peut-être pas.

LE CHEVALIER.

Comment l’appellez-vous ?

M. TRAGIQUIN.

Criardus & Scandée, Monsieur.

L’ABBÉ.

Vous avez raison, je ne connois pas cela.

M. TRAGIQUIN.

Elle est du célebre Monsieur André le Perruquier, qui a fait le Tremblement de terre de Lisbonne.

Me. DE RESAN.

Ah ! Monsieur de Clairas, il faut qu’ils nous donnent cette piece-là ce soir.

M. DE CLAIRAS.

Et vous avez le Proverbe de l’Abbé.

Me. DE RESAN.

Personne ne le sait, nous le jouerons demain ; nous aurons plus de temps pour nous préparer. Je vous en prie.

M. DE CLAIRAS.

Si vous étiez sûre que cela fût bon encore…

M. TRAGIQUIN.

Monsieur, Monseigneur l’Intendant de, de… j’ai oublié son nom, nous l’a fait jouer trois fois de suite.

M. DE CLAIRAS.

Cela prouve beaucoup.

Me. DE RESAN.

Allons, dites donc, Monsieur de Clairas ?

M. DE CLAIRAS.

Un moment, je vous prie, Madame, voilà peut-être des nouvelles de ma chienne.

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Scène derniere.

LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, LA BRISÉE.
M. DE CLAIRAS.

Eh bien, qu’est-ce qu’il y a, la Brisée ?

LA BRISÉE.

Monsieur, le Pere de l’assemblée a visité Diane ; il ne lui a trouvé rien de cassé, & il dit que dans deux jours elle ne boitera seulement pas.

M. DE CLAIRAS.

Est-il encore ici ?

LA BRISÉE.

Oui, Monsieur.

M. DE CLAIRAS.

Je m’en vais lui parler.

Me. DE RESAN.

Monsieur de Clairas, en réjouissance de la santé de votre chienne, nous aurons la tragédie, n’est-ce pas ?

M. DE CLAIRAS.

Madame, je n’ai rien à vous refuser. (Il sort avec la Brisée.)

Me. DE CLAIRAS.

Monsieur Tragiquin, allez vous apprêter, faites-vous conduire au théâtre, & demandez tout ce dont vous aurez besoin.

LE CHEVALIER.

Je vais lui faire parler au Concierge.

Me. DE CLAIRAS.

Vous ferez bien, Chevalier. L’Abbé, nous jouerons demain votre Proverbe.

L’ABBÉ.

La tragédie, Madame, doit toujours avoir le pas.

Me. DE RESAN.

Allons, Madame, allons annoncer cette représentation à tout le monde.

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Explication du Proverbe :

93. On s’amuse comme on peut.