Puisse advenir que ma fiere Maistresse

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Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 223).


SONNET.

 
Pvuisse aduenir que ma fiere Maiſtreſſe
Voiant le lict de mon ſombre repos,
En ſouſpirant me tienne ce propos,
La larme à l’œil & le ſein en tristeſſe :
 O ſainct dépoſt, enfant de ma rudeſſe,
Qui tiens mon cœur enlacé dans tes os,
Reçoi benin ces pleurs & ces ſanglots,
Et les regrets que je reſpans ſans ceſſe :
 Tu gis icy pour m’aimer ardemment,
Et i’y mourrai pour finir mon tourment ;
Mais toi, bon Dieu, accompli mon enuie :
 Que noz eſprits ſoient vnis à touſiour,
Et que noz corps ſoient ioincts en un ſeiour :
Face la mort ce que n’a faict la vie.


A. D. V.