Questions sur les miracles/Édition Garnier/3

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Œuvres complètes de VoltaireGarniertome 25 (p. 378-386).

TROISIÈME LETTRE DU PROPOSANT
à m. le professeur en théologie[1].

Monsieur,

Je vous prie de venir à mon secours contre un grand seigneur allemand[2] qui a beaucoup d’esprit, de science et de vertu, et qui malheureusement n’est pas encore persuadé de la vérité des miracles opérés par notre divin Sauveur. Il me demandait hier pourquoi Jésus aurait fait ces miracles en Galilée. Je lui dis que c’était pour établir notre sainte religion à Berlin, dans la moitié de la Suisse, et chez les Hollandais.

« Pourquoi donc, dit-il, les Hollandais ne furent-ils chrétiens qu’au bout de huit cents années ? pourquoi donc n’a-t-il pas enseigné lui-même cette religion ? Elle consiste à croire le péché originel, et Jésus n’a pas fait la moindre mention du péché originel ; à croire que Dieu a été homme, et Jésus n’a jamais dit qu’il était Dieu et homme tout ensemble ; à croire que Jésus avait deux natures, et il n’a jamais dit qu’il eût deux natures ; à croire qu’il est né d’une vierge, et il n’a jamais dit qu’il fût né d’une vierge ; au contraire, il appelle sa mère femme ; il lui dit durement[3] : « Femme, qu’y a-t-il entre vous et moi ? » à croire que Dieu est né de David, et il se trouve qu’il n’est point né de David ; à croire sa généalogie, et on lui en a fait deux qui se contredisent absolument.

« Cette religion consiste encore dans certains rites dont il n’a jamais dit un seul mot. Il est clair, par vos Évangiles, que Jésus naquit Juif, vécut Juif, mourut Juif ; et je suis fort étonné que vous ne soyez pas juif. Il accomplit tous les préceptes de la loi juive : pourquoi les réprouvez-vous ?

« On lui fait dire même dans un Évangile[4] : « Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l’accomplir. » Or est-ce accomplir la loi mosaïque que d’en avoir tous les rites en horreur ? Vous n’êtes point circoncis, vous mangez du porc, du lièvre, et du boudin : en quel endroit de l’Évangile Jésus vous a-t-il permis d’en manger ? Vous faites et vous croyez tout ce qui n’est pas dans l’Évangile : comment donc pouvez-vous dire qu’il est votre règle ? Les apôtres de Jésus observaient la loi juive comme lui. « Pierre et Jean montèrent au temple à l’heure neuvième de l’oraison. » (Actes des apôtres, chap. xvi[5]) Paul alla, longtemps après, judaïser dans le temple pendant huit jours, selon le conseil de Jacques. Il dit à Festus : Je suis pharisien[6]. Aucun apôtre n’a dit : « Renoncez à la loi de Moïse. » Pourquoi donc les chrétiens y ont-ils entièrement renoncé dans la suite des temps ? »

Je lui répondis avec cette modération qui sied si bien à la vérité, et avec la modestie convenable à ma médiocrité : « Si Dieu n’a rien écrit, et si dans les Évangiles Dieu n’a point enseigné expressément la religion chrétienne telle que nous l’observons aujourd’hui, ses apôtres y ont suppléé ; s’ils n’ont pas tout dit, les Pères de l’Église ont annoncé ce que les apôtres avaient préparé ; enfin les conciles nous ont appris ce que les apôtres et les Pères avaient cru ne devoir pas dire. Ce sont les conciles, par exemple, qui nous ont enseigné la consubstantialité, les deux natures dans une seule personne, et une seule personne avec deux volontés. Ils nous ont appris que la paternité n’appartient pas au Fils, mais qu’il a la vertu productive, et que l’Esprit ne l’a pas, parce que le Saint-Esprit procède, et n’est pas engendré ; et bien d’autres mystères encore, sur lesquels Jésus, les apôtres, les Pères, avaient gardé le silence ; il faut que le jour vienne après l’aurore.


— Laissez là votre aurore, me répondit-il ; une comparaison n’est pas une raison. Je suis trop entouré de ténèbres. Je conviens que les objets principaux de votre foi ont été déterminés dans des conciles ; mais aussi d’autres conciles, non moins nombreux, ont admis une doctrine toute contraire. Il y a eu autant de conciles en faveur d’Arius et d’Eusèbe qu’en faveur d’Athanase.

« Comment Dieu serait-il venu mourir sur la terre par le plus grand et le plus infâme des supplices, pour ne pas annoncer lui-même sa volonté, pour laisser ce soin à des conciles qui ne s’assembleraient qu’après plusieurs siècles, qui se contrediraient, qui s’anathématiseraient les uns les autres, et qui feraient verser le sang par des soldats et par des bourreaux ?

« Quoi ! Dieu vient sur la terre, il y naît d’une vierge, il y habite trente-trois ans, il y périt du supplice des esclaves pour nous enseigner une nouvelle religion ; et il ne nous l’enseigne pas ! il ne nous apprend aucun de ses dogmes ! il ne nous commande aucun rite ! tout se fait, tout s’établit, se détruit, se renouvelle avec le temps à Nicée, à Chalcédoine, à Éphèse, à Antioche, à Constantinople, au milieu des intrigues les plus tumultueuses et des haines les plus implacables ! Ce n’est enfin que les armes à la main qu’on soutient le pour et le contre de tous ces dogmes nouveaux !

« Dieu, quand il était sur la terre, a fait la pâque en mangeant un agneau cuit dans des laitues ; et la moitié de l’Europe, depuis plus de huit siècles, croit faire la pâque en mangeant Jésus-Christ lui-même en chair et en os. Et la dispute sur cette façon de faire la pâque a fait couler plus de sang que les querelles des maisons d’Autriche et de France, des Guelfes et des Gibelins[7], de la Rose blanche et la Rose rouge[8], n’en ont jamais répandu. Si les campagnes ont été couvertes de cadavres pendant ces guerres, les villes ont été hérissées d’échafauds pendant la paix. Il semble que les pharisiens, en assassinant le Dieu des chrétiens sur la croix, aient appris à ses suivants à s’assassiner les uns les autres sous le glaive, sur la potence, sur la roue, dans les flammes. Persécutés et persécuteurs, martyrs et bourreaux tour à tour, également imbéciles, également furieux, ils tuent et ils meurent pour des arguments dont les prélats et les moines se moquent en recueillant les dépouilles des morts, et l’argent comptant des vivants. »

Je vis que ce seigneur s’échauffait ; je lui répondis humblement ce que j’ai déjà soumis à vos lumières dans ma seconde lettre, qu’il ne faut pas prendre l’abus pour la loi. « Jésus-Christ, lui dis-je, n’a commandé ni le meurtre de Jean Hus, ni celui d’Anne Dubourg, ni celui de Servet, ni celui de Jean Calas, ni les guerres civiles, ni la Saint-Barthélémy. »

Je vous avouerai, monsieur, qu’il ne fut point du tout content de cette réponse. « Ce serait, me dit-il, insulter à ma raison et à mon malheur de vouloir me persuader qu’un tigre qui aurait dévoré tous mes parents ne les aurait mangés que par abus, et non par la cruauté attachée à sa nature. Si la religion chrétienne n’avait fait périr qu’un petit nombre de citoyens, vous pourriez imputer ce crime à des causes étrangères.

« Mais que pendant quatorze à quinze siècles entiers chaque année ait été marquée par des meurtres, sans compter les troubles affreux des familles, les cachots, les dragonnades, les persécutions de toute espèce, pires peut-être que le meurtre même ; que ces horreurs aient toujours été commises au nom de la religion chrétienne, qu’il n’y ait d’exemple de ces abominations que chez elle seule : alors quel autre qu’elle-même pouvons-nous en accuser ? Tous ces assassinats de tant d’espèces différentes n’ont eu qu’elle pour sujet et pour objet : elle en a donc été la cause. Si elle n’avait pas existé, ces horreurs n’auraient pas souillé la terre. Les dogmes ont amené les disputes, les disputes ont produit les factions, ces factions ont fait naître tous les crimes. Et vous osez dire que Dieu est le père d’une religion[9] barbare engraissée de nos biens et teinte de notre sang, tandis qu’il lui était si aisé de nous en donner une aussi douce que vraie, aussi indulgente que claire, aussi bienfaisante que démontrée ! »

Vous ne sauriez croire quel enthousiasme d’humanité et de zèle échauffait les discours de ce bon seigneur. Il m’attendrit, mais il ne m’ébranla point : je lui dis que nos passions, dont nous avons reçu le germe des mains de la nature, et que nous pouvons régler, ont fait autant de mal qu’il en reprochait au christianisme. « Ah ! dit-il, les yeux mouillés de larmes ; nos passions ne sont point divines ; mais vous prétendez que le christianisme est divin. Était-ce à lui d’être plus insensé et plus barbare que nos passions les plus funestes ? »

Je fus ému de ces paroles. « Hélas ! dis-je, nous avons tout fait servir à notre perte, jusqu’à la religion même ! Mais ce n’est pas la faute de sa morale, qui n’inspire que la douceur et la patience, qui n’enseigne qu’à souffrir, et non à persécuter.

— Non, reprit-il, ce n’est pas la faute de sa morale, c’est celle du dogme : c’est ce dogme qui « divise en effet la femme et l’époux, le fils et le père, qui apporte le glaive et non la paix[10] » ; voilà la source malheureuse de tant de maux. Socrate, Épictète, l’empereur Antonin, ont enseigné une morale pure, contre laquelle nul mortel ne s’est jamais élevé ; mais si, non contents de dire aux hommes : « Soyez justes et résignés à la Providence, » ils avaient ajouté : « Croyez qu’Épictète procède d’Antonin, ou bien qu’il procède d’Antonin et de Socrate ; croyez-le, ou vous périrez sur un échafaud, et vous serez éternellement brûlés dans l’enfer ; » si, dis-je, ces grands hommes avaient exigé une telle croyance, ils auraient mis les armes à la main de tous les hommes, ils auraient perdu le genre humain, dont ils ont été les bienfaiteurs. »

Par tout ce que me disait ce seigneur séduit, mais respectable, je vis que son âme est belle, qu’il déteste la persécution, qu’il aime les hommes, qu’il adore Dieu, et que sa seule erreur est de ne pas croire ce que Paul appelle la folie de la croix[11], de ne pas dire avec Augustin : « Je le crois parce qu’il est absurde ; je le crois parce qu’il est impossible. » Je plaignais son obstination, et je respectais son caractère.

Il est aisé de ramener au joug une âme criminelle et tremblante qui ne raisonne point ; mais il est bien difficile de subjuguer un homme vertueux qui a des lumières. J’essayai de le dompter par sa vertu même. « Vous êtes juste, vous êtes bienfaisant, lui dis-je ; les pauvres avec vous cessent d’être pauvres ; vous conciliez les querelles de vos voisins ; l’innocence opprimée trouve en vous un sûr appui : que n’exercez-vous le bien que vous faites, au nom de Jésus qui l’a ordonné ? » Voici, monsieur, ce qu’il me répondit : « Je m’unis à Jésus s’il me dit : « Aimez votre prochain[12] ; » car alors il a dit ce que j’ai dans mon cœur : je l’ai prévenu ; mais je ne saurais souffrir qu’un auteur attribue à Jésus seul un précepte qui se trouve dans Moïse[13] comme dans Confucius, et dans tous les moralistes de l’antiquité. Je m’indigne de voir qu’on fasse dire à Jésus : Je vous apporte un précepte nouveau ; je vous fais un commandement nouveau[14] ; « c’est que vous vous aimiez mutuellement ». Le Lévitique avait promulgué ce précepte deux mille ans auparavant, d’une manière bien plus énergique, quoique moins naturelle[15] : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ; » et c’était un des préceptes des Chaldéens. Cette faute grossière, et impardonnable dans un auteur juif, fait soupçonner à beaucoup de savants que l’Évangile attribué à Jean est d’un chrétien platonicien, qui écrivit dans le commencement du second siècle de notre ère, et qui connaissait moins l’Ancien Testament que Platon, dans lequel il a pris presque tout le premier chapitre.

« Quoi qu’il en soit de cette fraude, et de tant d’autres fraudes, j’adopte la saine morale partout où je la trouve : elle porte l’empreinte de Dieu même, car elle est uniforme dans tous les temps et dans tous les lieux. Qu’a-t-elle besoin d’être soutenue par des prestiges, et par une métaphysique incompréhensible ? En serai-je plus vertueux quand je croirai que le Fils a la puissance d’engendrer, et que l’Esprit procède sans avoir cette puissance ? Ce galimatias théologique est-il bien utile aux hommes ? y a-t-il aujourd’hui un esprit sensé qui pense que le Dieu de l’univers nous demandera un jour si le Fils est de même nature que le Père, ou s’il est de semblable nature ? Qu’ont de commun ces vaines subtilités avec nos devoirs ?

« N’est-il pas évident que la vertu vient de Dieu, et que les dogmes viennent des hommes qui ont voulu dominer ? Vous voulez être prédicant, prêchez la justice, et rien de plus. Il nous faut des gens de bien, et non des sophistes. On vous paye pour dire aux enfants : « Respectez, aimez vos pères et mères ; soyez soumis aux lois : ne faites jamais rien contre votre conscience ; rendez votre femme heureuse ; ne vous privez pas d’elle sur de vains caprices ; élevez vos enfants dans l’amour du juste et de l’honnête ; aimez votre patrie ; adorez un Dieu éternel et juste ; sachez que, puisqu’il est juste, il récompensera la vertu et punira le crime. » Voilà, continua-t-il, le symbole de la raison et de la justice. En instruisant la jeunesse de ces devoirs, vous ne serez pas, à la vérité, décorés de titres et d’ornements fastueux ; vous n’aurez pas un luxe méprisable et un pouvoir abhorré ; mais vous aurez la considération convenable à votre état, et vous serez regardés comme de bons citoyens, ce qui est le plus grand des avantages. »

Je ne vous répète, monsieur, qu’une très-faible partie de tout ce que me dit ce bon seigneur. Je vous conjure de l’éclairer ; il mérite de l’être. Il est vertueux ; il adore sincèrement dans Dieu le père commun de tous les hommes, un père infiniment sage et infiniment tendre qui ne préfère point le cadet à l’aîné, qui ne prive point de son soleil le plus grand nombre de ses enfants pour aveugler le plus petit à force de lumière ; un père infiniment juste qui ne châtie que pour corriger, et qui récompense au delà de notre espoir et de notre mérite. Ce bon seigneur met dans le gouvernement de sa maison toutes ces maximes en pratique. Il semble qu’il imite le Dieu qu’il adore ; vous lui donnerez tout ce qui lui manque[16].

J’ai fait tout ce que j’ai pu, et je n’ai point réussi. Je lui ai demandé ce qu’il risquait en soumettant sa raison. « Je risque, m’a-t-il répondu, de mentir à Dieu et à moi-même, de dire : Je vous crois, quand je ne vous crois point, et d’offenser l’Être des êtres, qui m’a donné cette raison. Je ne suis pas dans le cas d’une ignorance invincible, mais dans celui d’une opinion invincible. Pensez-vous, a-t-il ajouté, que Dieu me punira pour n’avoir pas été de votre avis ? Et qui vous a dit qu’il ne vous punira pas d’avoir résisté au mien ? Je vous ai parlé suivant ma conscience ; oseriez-vous jurer entre Dieu et moi que vous avez toujours parlé selon la vôtre ? Vous m’avez dit que vous croyez que Jonas a été trois jours et trois nuits dans le ventre d’un poisson, et moi je vous dis que je n’en crois rien.

« Qui de nous deux est plus près du doute ? Qui de nous deux, dans le secret de son cœur, a parlé avec plus de sincérité ? Quand je paraîtrai devant Dieu à ma mort, j’y paraîtrai avec confiance ; mais n’aurez-vous pas à trembler dans ce moment fatal, vous qui, pour le vain plaisir de me subjuguer, m’avez voulu faire croire des choses dont il est impossible que vous soyez convaincu ? »

Je voulais répliquer, car j’avais de bonnes raisons à dire ; mais il ne voulut pas les écouter ; il me quitta : je sentis que c’était de peur de se mettre en colère et de me fâcher : je vis qu’il ne voulait dégrader ni sa raison ni la mienne. Je fus touché de cette bonté pour moi, et de cet effort qu’il faisait contre les mouvements d’une passion si commune[17].

Il faut qu’il croie que Dieu est né dans le petit canton de la Judée ; qu’il y a changé l’eau en vin ; qu’il s’est transfiguré sur le Thabor ; qu’il a été tenté par le diable ; qu’il a envoyé une légion de diables dans un troupeau de cochons ; que l’ânesse de Balaam a parlé aussi bien que le serpent ; que le soleil s’est arrêté à midi sur Gabaon, et la lune sur Aïalon, pour donner le temps aux bons Juifs de massacrer une douzaine ou deux de pauvres innocents qu’une pluie de grosses pierres avait déjà assommés ; que dans l’Égypte, où il n’y avait point de cavalerie, le Pharaon, dont on ne dit pas le nom, poursuivit trois millions d’Hébreux avec une nombreuse cavalerie, après que l’ange du Seigneur avait tué toutes les bêtes, etc., etc., etc., etc., etc. Il faut que sa raison soumise ait une foi vive pour tous ces mystères ; sans cela que lui servirait sa vertu ?

Je sais, monsieur, que cette énumération des miracles qu’on doit croire peut effaroucher quelques âmes pieuses, et paraître ridicule aux incrédules ; mais je n’ai point craint de les rapporter, parce que ce sont ceux qui exercent le plus notre foi. Dès qu’on croit un miracle moins révoltant, on doit croire tous les autres, quand c’est le même livre qui nous les certifie.

Ayez la bonté, monsieur, de m’apprendre si je ne vais pas trop loin. Il y a des gens qui distinguent les miracles dont on est d’accord, ceux qu’on nie, ceux dont on est en doute. Pour moi, je les admets tous, ainsi que vous-même. Je crois surtout avec vous le miracle éternel de la consubstantialité, non-seulement parce qu’il est contraire à ma raison, mais parce que je ne peux m’en former aucune idée ; et j’ose dire que j’admettrais (Dieu me pardonne !) le miracle de la transsubstantiation si le saint concile de Nicée et le modéré saint Athanase l’avaient enseigné.

J’ai l’honneur d’être, etc.

  1. Voltaire cite un passage de cette lettre dans une de ses notes sur les Discours de l’empereur Julien.
  2. Ce grand seigneur allemand est nommé le comte de K…, à la fin de la lettre xii, dans l’édition de 1765, et le comte de Hiss-Priest-Craft, au commencement de la xiie lettre, dans les éditions postérieures et dans celle-ci. Il est dit, dans la xxe lettre, qu’il demeurait en Souabe. On pourrait, à plus d’un trait, reconnaître en M.  le comte de Hiss-Priest-Craft, qui siffle, censure les ruses et impostures sacerdotales, M. le comte de Ferney lui-même, qui se cacha quelquefois sous le nom de Misopriest ; mais il est plus vraisemblable que le proposant Voltaire a entendu désigner indirectement ici Frédéric II, roi de Prusse, et comte de Neufchâtel, cité sous ce dernier titre dans la première page de la xive lettre. (Cl.) — M.  G. Avenel croit qu’il s’agit de l’électeur palatin.
  3. Jean, ii, 4.
  4. Matthieu, v, 17.
  5. Ce n’est pas au chapitre xvi, comme le dit Voltaire, mais au chapitre iii, verset Ier.
  6. Actes, xxiii, 6.
  7. Voyez tome XI, page 428 ; XIII, 302.
  8. Voyez tome XII, page 205 et suiv.
  9. Le mot religion ne se trouve ni dans l’édition originale, ni dans les réimpressions de 1765, 1767, 1775 ou encadrée, et 1777 in-4o. (B.)
  10. Matthieu, x, 34, 35.
  11. I. Corinth., i, 18.
  12. Matth., v, 43 ; xxii, 39 ; Marc, xii, 31.
  13. Lévitiq., xix, 18.
  14. Jean, chap. xiii, v. 34. (Note de Voltaire.)
  15. Lèvitique, chap. xix, v. 18 et 34. (Id.)
  16. Dans l’édition originale ne se trouvent pas les trois alinéas suivants, qui furent ajoutés dans la réimpression de 1765, et qui manquent cependant dans l’édition de 1775, tome XIX des Nouveaux Mélanges. (B.)
  17. Dans les éditions de 1765, 1767, cette troisième lettre se terminait par le passage que voici :

    « J’ai demeuré depuis ce moment en proie à mes réflexions ; j’ai tremblé qu’ayant voulu convertir ce brave homme ce ne fut lui qui me convertît. Je ne pouvais repousser de mon cœur ses dernières paroles ; je me disais à moi-même : Le Dieu de bonté et de miséricorde exigerait-il en effet de nous des raisonnements subtils plutôt que des actions vertueuses ? ne vaut-il pas mieux cent fois, comme l’a dit ce bon seigneur, secourir le pauvre et défendre l’opprimé que de discuter des faits obscurs passés il y a deux mille ans ? Je suis bien certain qu’on ne peut pas déplaire à Dieu en faisant de bonnes œuvres : suis-je aussi certain qu’on peut lui plaire par des arguments de l’école ? Que vous dirai-je enfin ? mon âme est bouleversée. J’avais commencé par vous prier de m’appuyer contre ce seigneur, qui m’inspire de la vénération, et je finis par vous conjurer de me secourir contre moi-même. »

    Dans une édition de 1767 qui ne contient que seize lettres, les trois alinéas ajoutés dans la réimpression de 1765 manquent, ainsi que l’alinéa transcrit en cette note ; mais cette petite et incomplète édition de 1767 contient les trois alinéas qui terminent la lettre, et qui sont dans l’édition originale. (B.)