Réflexions et prières inédites/06

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Debécourt, Libraire-Éditeur (p. 43-50).


LA FORCE.



Dieu est notre force dans le combat et notre couronne dans la victoire.


La force est le don sans lequel tous les autres sont inutiles. Sans la force les bonnes pensées sont stériles, la dévotion est sans fruit, la ferveur sans persévérance.

On peut avoir la pureté de l’âme, le goût du bien, l’amour de ses devoirs ; sans la force, on n’a rien ; tout devient un écueil pour la faiblesse ; on rougit de ses fautes, on les déplore, on s’en repent, et c’est pour en commettre de nouveau.

C’est un des grands dangers des conversions tardives que le manque de force. L’âge, de longs chagrins, l’habitude d’une vie sans règle, émoussent les forces. On ne leur a rien demandé, et elles vous abandonnent quand vous voulez en faire usage.

Ayons sans cesse présentes l’idée de Dieu et la nécessité d’obéir à ses commandemens ; il viendra à notre secours. Il nous soutiendra, car notre force vient de lui, comme tout ce que nous avons de bien ou de bon en nous-mêmes. Le seul moyen d’entretenir la force est la vigilance. Si vous n’oubliez jamais Dieu, les tentations ne seront pas plus fortes que vous ; si vous vous éloignez de lui, elles vous surprendront comme Samson endormi dans les bras de Dalila.

Pourquoi est-il si commun de manquer de force dans les voies de la piété ? c’est qu’on manque de foi. Si notre foi était vive et inébranlable, notre force, qui repose sur elle, le serait aussi. Toutes les vertus chrétiennes semblent participer l’une de l’autre, et par une loi sublime se tenir comme les anneaux d’une même chaîne. Saisissons un de ces anneaux. Une vertu nous mènera à une autre vertu, et, en nous élevant vers celui dont elles émanent toutes, nous puiserons la véritable force, celle de persévérer dans le bien au sein de Dieu même. C’est de lui que nous tiendrons le moyen d’arriver à lui, et de nous réunir à lui dans l’éternité.