Réponse à l’écrit anonyme intitulé: de la formation des églises/chapitre 6

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Imprimerie et librairie L. Alex. Michod. (p. 89-92).



EXAMEN
du dernier article intitulé :
observations supplémentaires

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Comme nous avons examiné presque tous les paragraphes de cet article, en réfutant les idées de l’auteur sur l’apostasie de l’Église, et sur le retranchement de l’économie ; nous n’aurons qu’une seule observation à faire. Elle ne tiendra pas à une discussion de principes ; elle sera plutôt un avertissement fraternel, donné à l’auteur, quel qu’il soit.

Il termine sa brochure par ces mots :

« Je dis donc : faites tout ce que vous pouvez, mais ne prétendez pas faire les choses qui dépassent ce que le Seigneur vous a donné, et ne faites pas paraître ainsi les prétentions et la faiblesse de la chair. L’humilité de cœur et d’esprit est le sûr moyen de ne pas être trouvé combattant contre la vérité ; car Dieu fait grâce aux humbles. Que son nom de grâce et de miséricorde soit éternellement béni ! »

Les exhortations à l’humilité sont toujours bonnes à recevoir de quelque part qu’elles viennent, et l’on y trouve toujours quelque chose à prendre. Mais sont-elles toujours faites à propos ? et celui qui les donne, est-il toujours dans son droit, soit quant au fond, soit quant à la forme ? C’est une question toute différente. — Maintenant je demanderai à l’auteur si c’est devant Dieu, pour sa gloire et dans un esprit d’amour, que dix-sept fois dans une brochure de 28 pages, il a lancé l’accusation de présomption, de prétention, d’orgueil, de confiance en soi-même, d’oubli de la puissance de Dieu, contre ceux qui organisent des Églises ou qui les dirigent ? — Quant à moi, je sais bien d’après la connaissance que j’ai de mon propre cœur, que je trouverais plus de profit à tourner des accusations d’orgueil contre moi-même, qu’à les lancer dix-sept fois contre mon prochain. Je sais bien encore que l’Esprit de Dieu me dit clairement, que si je croyais voir de l’orgueil chez des frères qui sont pourtant les membres de mon corps, je devrais les avertir avec ménagement et en particulier, et non devant tout un public ; et que je ne devrais pas répéter cette accusation à satiété et en termes fort saillants, comme pour la faire bien remarquer.

Il est vrai que cette accusation d’orgueil jette du discrédit aux yeux de bien des gens, sur les chrétiens contre lesquels on la dirige. Car quoique nous soyons tous entachés de ce péché, il n’est rien que nous craignons autant que de passer pour orgueilleux, et que d’être classés parmi des gens dont les opinions paraissent devoir leur origine à une pensée orgueilleuse, et à la bonne opinion qu’ils ont d’eux-mêmes. Toutefois, l’auteur ne s’est peut-être pas douté qu’il est quelques personnes, plus réfléchies que les autres qui, lorsqu’elles entendent un homme accuser d’orgueil ses frères, d’une manière si délibérée, se préviennent non contre l’accusé, mais contre l’accusateur, et qu’ainsi la pierre retourne sur celui qui la roule (Prov. XXVI, 27).

L’auteur anonyme a peut-être cru pouvoir faire passer toutes ses accusations d’orgueil, à la faveur de cette phrase qui se trouve à la première page de sa brochure : « Des frères respectés et très-aimés, insistent sur ce point que la formation et l’organisation d’Églises est selon la volonté de Dieu, le seul moyen de trouver la bénédiction, etc. » — Quant à nous, nous ne comprenons pas bien comment des frères qui ont tant d’orgueil ; « qui n’ont pas un jugement très-clair dans les choses de Dieu ; qui veulent rétablir une économie manquée, et qui oublient complètement le besoin de puissance pour la rétablir ; peuvent être des frères respectés. » — Il nous est encore plus difficile de comprendre comment on peut signaler au public, comme des gens qui font une entreprise orgueilleuse et qui annoncent peu d’intelligence de la Parole, « des frères très-aimés. » — Selon nous, la charité couvre une multitude de péchés ; à plus forte raison se garde-t-elle de sonner la trompette pour publier des péchés dont elle ne peut fournir la preuve. — Mes petits enfans, n’aimons pas seulement de paroles et de la langue, mais en effet et en vérité ; car c’est à cela que nous connaissons que nous sommes de la vérité, et c’est par là que nous assurons nos cœurs devant lui (1 Jean III, 18, 19.)

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